La ministre française des Armées Florence Parly a achevé jeudi une visite de deux jours au Mali. Elle a rencontré les autorités maliennes, notamment le président de la Transition, Ba N’Daw. Un rapport de l’ONU affirme que 19 civils ont été tués lors de frappes françaises début janvier sur le village malien de Bounti. Mais pour Paris, ce sont bien des terroristes qui ont été visés.
Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel
La ministre française des Armées a d’abord commencé à réaffirmer devant la presse la version de la force Barkhane sur les événements survenus dans le village malien de Bounti. « Je le réaffirme ici avec force. Les forces armées françaises ont ciblé un groupe terroriste qui avait été formellement identifié comme tel », a-t-elle déclaré.
L’ONU a pourtant recueilli sur place des témoignages selon lesquelles parmi les victimes, il y a eu dix-neuf civils tués… « Les témoignages rapportés ne sont pas vérifiables. Ils reposent sur des hypothèses qui ne sont pas étayées », a martelé la ministre.
« Nous avons utilisé des avions de chasse qui volent à très haute altitude »
Et pour contester d’autres témoignages recueillis par les enquêteurs de l’ONU, la ministre des Armées balaie du revers de la main les informations selon lesquelles des hélicoptères et avions français ont été aperçus a basse altitude ce jour-là à Bounti. « Nous avons utilisé des avions de chasse qui volent à très haute altitude », rétorque la ministre.
Alors pourquoi ne pas mettre sur la place publique la preuve qu’il s’agissait bien d’un rassemblement de jihadistes et non une cérémonie de célébration d’un mariage ? « Aucune armée au monde n’a l’habitude de mettre sous les yeux de son ennemi les éléments qui lui permettent de comprendre ce que nous savons de lui. »
L’enquête onusienne a été menée de manière unilatérale, termine la ministre française des Armées.
Une enquête judiciaire indépendante ?
Florence Parly était accompagnée de ses homologues estonien et tchèques dont les forces spéciales aux côtés de la France participent à la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Les trois ministres de la Défense ont effectué jeudi une visite de terrain dans le Nord pour rendre visite à ces troupes européennes.
De leur côté, sept organisations de la société civile, maliennes et étrangères, réclament l’ouverture d’une enquête judiciaire indépendante sur le bombardement. Elles appellent la France et le Mali à faire toute la lumière sur ce drame. L’Association malienne des droits de l’homme fait partie des signataires de cet appel.