Des milliers de tonnes de déchets envahissent les rues de Marseille. Les éboueurs de la ville sont en grève pour la troisième fois en quatre mois, engagés dans un bras de fer contre la métropole, qui a la compétence concernant le ramassage des ordures. Les habitants sont excédés et la situation dégénère depuis que, lundi 31 janvier, le Mistral, ce vent du nord, s’est levé.
Avec notre correspondant à Marseille, Yoram Melloul
Perrine ramène sa fille de l’école en se protégeant tant bien que mal du vent qui soufflent depuis deux jours sur la ville. Certaines rafales montent à 120 km/h. « Quand vous allez devant les écoles, c’est des montagnes de poubelles, raconte-t-elle. En plus, avec les rafales de vent, on s’en prend plein le nez. »
Dans le quartier voisin de Belsunce, une rue entière déborde de détritus juste devant le magasin de Moustapha qui vend des tissus. « Laisser le quartier comme ça depuis presque une dizaine de jours, ce n’est pas normal. La ruelle est bloquée. Même les piétons ne peuvent pas passer », déplore-t-il.
Et des habitants excédés mettent le feu aux déchets qui traînent dans la ville. « Il y a plusieurs dizaines de départs de feux dans toute la ville, affirme Jean-Pierre Cochet, adjoint au maire à la Sécurité civile. On sait les risques encourus quand il y a un incendie sur un bâti qui est souvent précaire. On ne peut pas laisser les choses aller à vau-l’eau. » Une petite quinzaine par jour de feux de poubelles, ont été relevés par les marins-pompiers de la ville.
Vers une reprise du dialogue ?
Pour éviter une catastrophe, la mairie fait intervenir des camions poubelles. Le maire de Marseille a fait appel mardi à six camions bennes d’entreprises privées pour ramasser les détritus, une mesure inédite dans la deuxième ville de France.
En principe, c’est la métropole Aix-Marseille-Provence, dirigée par Martine Vassal (LR), qui est normalement compétente pour la gestion des déchets. « Il n’y a pas de communication de la métropole et ça entretient une sorte d’angoisse, déclare Sophie Camard, maire des 1er et 7e arrondissements. Il y a beaucoup de Marseillais qui ne savent pas cette répartition de compétences entre la ville et la métropole. Et qui de toute façon nous disent : “faites quelque chose”. Donc je crois qu’il fallait un peu soulager les choses. »
Seule lueur d’espoir pour les Marseillais, l’annonce, timide, de la reprise du dialogue entre Force Ouvrière, le syndicat majoritaire, et la métropole qui a assigné en référé FO afin de demander la levée des blocages des centres de transfert et des garages où sont entreposés les camions benne, empêchant les non-grévistes de travailler librement.
Source: RFI