Le vent nocturne de la saison des pluies qui a soufflé sur l’aéroport de Nsimalen, le 25 juillet dernier, n’a pas refroidi les dizaines de groupes de danseurs et de militants du RDPC, mobilisés par les barons du parti au pouvoir pour « réserver un accueil chaleureux » à Emmanuel Macron.
Pour son premier séjour sur le continent africain depuis sa réélection, le président français a eu droit à l’accueil classique réservé aux présidents de la Ve République : ravalements de façade, affiches géantes, banderoles et drapeaux en évidence… Un dispositif couronné par la présence de vuvuzélateurs disposés tout au long du chemin emprunté par l’hôte de Paul Biya.
Si le décor est typique des années glorieuses de la Françafrique, il est cependant à contre-courant de ce renouveau diplomatique que le président français dit vouloir incarner depuis sa prise de fonction, et qui a été énoncé lors de son discours de Ouagadougou, en novembre 2017.
Changement de paradigme
À Yaoundé, Emmanuel Macron a multiplié les signes de rupture, cherchant visiblement à atténuer les interrogations liées à cette visite accordée à l’un des plus anciens présidents en exercice sur le continent, peu féru de démocratie.
« La France n’a pas de leçon à donner à qui que ce soit », a-t-il martelé lors de sa rencontre avec les acteurs de la société civile, au village Noah. « Et je pense que par rapport à il y a 20 ans, les démocraties libérales occidentales sont moins bien pour expliquer vers où tout le monde devrait aller. »