C’est un couac de plus pour le gouvernement. Après la taxe carbone, plusieurs sons de cloches se sont fait entendre sur la réforme des retraites. Un sujet sensible.
Tout commence dimanche 17 mars avec Agnès Buzyn. La ministre de la Santé et des Solidarités se dit ouverte à un allongement de la durée du travail et à un report de l’âge de départ à la retraite. Dès le mardi, rétropédalage de la ministre : elle s’exprimait « à titre personnel » et aurait été mal comprise.
24 heures plus tard, coup de barre dans l’autre sens, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux explique qu’un report éventuel de l’âge légal de départ à la retraite est bien sur la table. Puis, dans l’après-midi, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, Edouard Philippe essaie de corriger le tir. Un report de l’âge de départ à la retraite ne sera pas dans la réforme en cours de discussion.
Mais le Premier ministre propose tout de même que les consultations en cours abordent l’idée de « travailler plus longtemps » pour financer la prise en charge de la dépendance par la Sécurité sociale. En clair, l’âge légal de départ à la retraite resterait fixé à 62 ans, mais les Français seraient incités à travailler plus longtemps pour toucher plus d’argent à leur retraite.
Au final, cette cacophonie aura aussi servi de ballon d’essai, une manière de préparer les esprits à rester en activité quelques années de plus
Fébrilité de l’exécutif
Le terrain est toutefois glissant. Les réformes des retraites en France ont toujours été accompagnées de grandes manifestations et de batailles politiques. Et ce n’est pas le meilleur moment pour ramener le sujet sur la table. Les « gilets jaunes » sont descendus dans la rue à l’origine contre le « trop d’impôts » et les petits salaires. Leur proposer de travailler plus ne devrait pas les rassurer.
Et puis, ce couac vient parasiter l’issue du grand débat national. Le gouvernement tente de négocier cette phase délicate. Il va devoir faire des propositions à la hauteur des attentes de la population, sans avoir de « baguette magique » comme le précisent plusieurs membres de la majorité.
Un sujet sensible aussi au sein de la République en marche…
Il suffit de poser la question « pour ou contre un allongement de l’âge de départ à la retraite » pour avoir deux réponses différentes selon les sensibilités des députés interrogés. Une élue venue de la gauche écarte d’emblée tout report tandis que Bruno Bonnel, un chef d’entreprise, propose lui que cela se fasse sur la base du volontariat.
On le voit, la question est loin d’être tranchée en interne et promet d’autres débats. La copie finale de Jean-Paul Delevoyesera présentée en Conseil des ministres puis à l’Assemblée au second semestre 2019. Sa mise en place prendra ensuite plusieurs années.
Source: Rfi