Un homme lourdement armé a ouvert le feu vendredi après-midi à bord d’un train Thalys qui circulait dans le nord de la France, blessant grièvement deux personnes avant d’être maîtrisé par des passagers, dont deux militaires américains, et placé en garde à vue.
Le parquet antiterroriste français a été chargé de l’enquête et le Premier ministre belge, Charles Michel, a évoqué sur son fil Twitter une « attaque terroriste ». Mais les autorités françaises sont plus prudentes sur les mobiles de cette agression dont le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd.
« Comme toujours lorsqu’il s’agit d’actes qui peuvent revêtir un caractère terroriste, la plus grande prudence et la plus grande précision s’imposent », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, lors d’un point de presse à la gare d’Arras, où le train a été immobilisé.
Le suspect, qui était monté en gare de Bruxelles selon la société Thalys, a été maîtrisé par plusieurs passagers, dont deux militaires et un étudiant américains. « Cela aurait pu être un véritable carnage », a témoigné le Britannique Chris Norman, qui a également contribué à le neutraliser.
D’après Slimane Hamzi, du syndicat de police Alliance, l’homme est âgé de 26 ans et a déclaré aux policiers qu’il était
d’origine marocaine. Selon un porte-parole de la SNCF, il avait des armes automatiques et des armes blanches.
Conduit en garde à vue au commissariat de police d’Arras, le suspect a été aussitôt entendu par les services de police chargés de l’enquête.
Un des deux militaires américains intervenus pour le neutraliser, présenté sous le prénom de Spencer par ses compagnons de voyage, a été blessé à l’armée blanche en luttant avec l’assaillant. Un autre passager a été touché par balle.
« Mais aucun pronostic vital n’est engagé », a précisé sur France Info la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio.
« J’AI LEVÉ LA TÊTE ET J’AI VU UN GARS AVEC UN AK-47″
L’attaque s’est produite vers 17h50 à bord du train qui effectuait la liaison entre Amsterdam et Paris. Il se trouvait alors à hauteur d’Oignies, a précisé Thalys dans un communiqué.
« Nous nous trouvions tous dans la même voiture (…) Nous avons vu un employé de la compagnie traverser en courant la voiture après un coup de feu. J’ai levé la tête et j’ai vu un gars avec un (fusil) AK-47 ou une autre sorte de mitraillette », a témoigné le Britannique Chris Norman, 62 ans, l’un des passagers qui sont intervenus.
« Alek a dit à Spencer ‘Occupe-toi de lui’. Spencer s’est précipité et l’a plaqué au sol. Ils ont commencé à maîtriser le terroriste », a-t-il poursuivi en faisant allusion aux deux militaires américains impliqués, dont Alek Skarlatos, 22 ans, un membre de la Garde nationale rentré le mois dernier d’une affectation en Afghanistan.
« Spencer et moi avons couru sur une dizaine de mètres, nous ne savions pas si son arme marchait ou pas (…) Nous avons eu beaucoup de chance que personne ne se fasse tuer », a dit ce dernier à plusieurs médias, dont Reuters TV.
Le troisième passager, Anthony Sadler, un étudiant californien de 23 ans, n’était jamais venu en France. « C’était mon premier voyage en Europe et nous avons stoppé un terroriste, c’est dingue », a-t-il dit devant la presse.
OBAMA SALUE LE COURAGE DES PASSAGERS
Leur courage a été salué par les autorités françaises et par Barack Obama.
Sur son fil Twitter, le Premier ministre, Manuel Valls, a exprimé son « soutien aux victimes » et sa « gratitude à ceux qui sont intervenus », ajoutant que « la mobilisation des forces de l’ordre est totale ».
Bernard Cazeneuve a pour sa part tenu à « exprimer à ces deux passagers américains qui ont été particulièrement courageux, qui ont fait montre d’une grande bravoure dans des circonstances extrêmement difficile toute notre gratitude, notre reconnaissance et notre admiration pour le sang froid dont ils ont témoigné et sans lequel nous aurions peut-être été confrontés à un drame terrible ».
A Washington, le président Barack Obama a salué « le courage et la rapidité d’esprit des passagers ». « Il est évident que leurs actes héroïques ont peut-être évité une tragédie bien pire », a poursuivi la Maison blanche.
Depuis les attentats djihadistes de janvier à Paris qui ont fait 17 morts au siège de Charlie Hebdo et dans une épicerie casher de la porte de Vincennes, un dispositif de sécurité renforcée a été mis en place en France et plusieurs attentats déjoués.
Le mois dernier, les autorités ont notamment annoncé avoir déjoué un projet d’attentat djihadiste contre des militaires français au nom de l’organisation Etat islamique.
En juin, un islamiste présumé a décapité son patron et tenté de faire exploser une usine chimique à Saint-Quentin Fallavier, dans l’Isère.
« Tous les indices montrent que c’est vraisemblablement un acte terroriste qui a été voulu par cet individu », a dit sur France Info le député socialiste Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la loi renforçant la lutte contre le terrorisme adoptée en novembre dernier.
Reuters