En attendant d’en savoir davantage à l’occasion du discours de politique africaine qu’Emmanuel Macron prononcera en novembre prochain, le président français a mis l’occasion de la conférence des ambassadeurs qu’il a lancée hier à profit pour décliner les grands chantiers qu’il entend mener dans son approche diplomatique à l’égard de l’Afrique. Il en ressort que les priorités se confondent aux défis de l’heure et se ramènent à deux : terrorisme et immigration. Cependant, au-delà du volontarisme qu’il martèle avec une certaine emphase, le chef de l’Etat français n’a pas fait de grandes annonces. Pour le terrorisme, il réitère une approche globale dont l’évidence n’est plus à démontrer. Quant à l’immigration, Emmanuel Macron, de nouveau dithyrambique à l’égard de l’Afrique, s’en tient à la nomination d’un ambassadeur en charge de la coordination des négociations tripartites France-UE-UA. Mais à un niveau plus global et se rapportant à l’orientation d’ensemble de la diplomatie africaine de la France, Emmanuel Macron annonce la mise en place du Conseil présidentiel de l’Afrique (CPA), archi-dominé par les entrepreneurs.
Macron, vague et sobre
C’est à croire que les récents propos d’Emmanuel Macron liant les problèmes du continent africain à un déficit « civilisationnel » n’ont été qu’un malheureux accident de parcours. En tout cas, il n’en est plus question dans les différentes sorties médiatiques du président français. Tout au contraire, le président, à l’image du candidat d’il y a quelques mois, chante de nouveau l’Afrique comme un « continent d’avenir » devant occuper une place non négligeable dans la diplomatie française. L’Afrique des atouts reprend le dessus sur celle de la libido insatiable. Pour autant, Emmanuel Macron admet les grands défis que sont le terrorisme et l’immigration. Des défis communs à l’Afrique et à la France, cependant. D’où leur érection en priorités pour le nouvel exécutif français, dans son approche des rapports avec le continent noir. Pour autant, on n’en sait guère davantage. Les solutions ne se bousculant pas, le président français préfère rester vague et sobre à la fois. Il rappelle tout au plus que la lutte contre les terroristes devra se faire selon l’approche des « 3D » (Défense, Diplomatie et Développement). Au sujet même de l’immigration, les nouvelles autorités françaises n’ont pas encore trouvé la bonne formule.
Le risque…
En gros, sur bien de sujets relevant des relations franco-africaines, ce sera probablement au nouveau Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) d’aider à les affiner pour en proposer un schéma qui réponde à l’impératif de satisfaire à l’opinion publique française, tout en ne heurtant pas les susceptibilités des politiques africains. Parce que ce sont bien les lignes rouges à ne pas franchir, de part et d’autre. Mais d’ores et déjà, des doutes fusent au sujet de la composition de ce fameux conseil dont on dit qu’il n’aura qu’un rôle consultatif. Les entrepreneurs y sont surreprésentés. Le risque redouté serait que la logique des affaires l’emporte sur celle des droits de l’homme et des valeurs de démocratie. Un risque consubstantiel à la conception africaine du président Macron qui voit davantage le continent africain sous le prisme de sa capacité à générer de la croissance économique.
Boubacar Sanso Barry