En prélude au sommet qui réunira aujourd’hui le président de la Fédération de Russie et une quarantaine de chefs d’Etat africains, hommes d’affaires et autres experts ont eu la possibilité hier de nouer des contacts avec des partenaires potentiels. De quoi donner un coup de fouet aux relations économiques entre le continent et la Russie
Ce serait une lapalissade de dire que le développement passe par l’amélioration du climat des affaires, l’investissement dans les secteurs de l’énergie, de l’agro-industrie, des mines et des transports. Conscients de cela, experts, hommes d’affaires, représentants d’entreprises russes et africaines sont réunis depuis hier au Parc des arts et sciences « Sirius » de Sotchi pour le premier forum économique Russie-Afrique.
La cérémonie d’ouverture de la session plénière a été marquée par l’intervention du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine et celle du président de la République arabe d’Égypte, Abdel Fattah Al Sissi qui est aussi le président en exercice de l’Union africaine.
C’était en présence de plusieurs chefs d’Etat africains et de la ministre de la Promotion de l’Investissement privé, des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Entreprenariat national, Mme Safia Boly.
Prenant la parole, le président russe a rappelé les excellentes relations qui existaient entre l’ex-Union des Républiques soviétiques et socialistes (URSS) et de nombreux pays du continent africain. Vladimir Poutine a souligné ensuite que l’organisation du présent forum a nécessité de gros efforts en amont. Il s’agit de la tenue des conférences économiques de Saint-Petersbourg et de Johannesburg qui ont permis de partager des projets en commun, a révélé le chef de l’Etat russe.
Pour Vladimir Poutine, le thème du forum : « la Russie et l’Afrique, potentiel de coopération » est très important et pertinent car les questions économiques sont une partie intégrante et une composante prioritaire des relations entre la Russie et les pays africains.
Le développement des contacts répond aux aspirations de nos populations. L’Afrique change et se développe, a-t-il constaté, ajoutant que les pays africains constituent un centre d’intérêt pour la croissance de l’économie mondiale et attirent les investisseurs russes.
17.000 étudiants africains- Au cours des cinq dernières années, les échanges commerciaux entre l’Afrique et la Russie ont doublé pour dépasser 20 milliards de dollars (10 000 milliards de Fcfa). Sur ce montant, sept milliards (3500 milliards de Fcfa) seulement représentent le volume des échanges avec l’Égypte. Pas de quoi satisfaire Poutine qui souhaite voir l’éventail s’élargir parce qu’en Afrique, il existe beaucoup de partenaires très prometteurs avec un grand potentiel de croissance.
La Russie est surtout réputée pour son industrie d’armements. Ce qui ne reflète pas ses capacités de production de biens de consommation. Le président russe a révélé que le montant des exportations d’armes s’élève à 15 milliards de dollars alors que celui des produits agricoles est estimé à 25 milliards dollars. La Russie fait partie du top 10 des plus grands fournisseurs de produits alimentaires dans le monde. Parlant des perspectives commerciales avec le continent, Vladimir Poutine a salué la création de la zone de libre échange au sein de l’Union africaine.
En outre, la Russie, a-t-il ajouté, contribue beaucoup au développement de l’Afrique. Elle a formé 17.000 étudiants africains et construit des universités. En Guinée, elle dispose d’un centre de vaccin qui contribue à lutter contre la maladie d’Ébola.
Le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi a apprécié l’attention accordée par la Russie au renforcement des liens entre les deux parties. L’Afrique entre dans une nouvelle ère caractérisée par des réformes politiques, des démarches concrètes pour l’intégration sous-régionale (création de la zone de libre échange). « Nous avons beaucoup en commun, une vision commune pour le développement économique et social. Le bien-être des populations est très primordial », a expliqué le président égyptien qui a invité la Russie à investir en Afrique, à participer aux financements des projets. Abdel Fattah Al-Sissi a exhorté à la diversification de nos échanges.
La ministre de la Promotion de l’Investissement a confié à la presse que le Mali est rassuré concernant le choix des secteurs comme l’agro-industrie, l’infrastructure, le transport. Il s’agira, dira-t-elle, de traduire en actes les accords de coopération obtenus à l’issue du forum.
DESTINATION MALI – Quant au président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), il a salué la tenue de ce forum, une première qui vise à renforcer les liens économiques et commerciaux entre la Russie et les pays africains. Youssouf Bathily a révélé que la CCIM a signé avec Roscongress (structure chargée de faire la promotion des entreprises privées) des accords de partenariat qui serviront de base juridique pour la coopération entre les entreprises russes et maliennes. Au-delà de ces conventions, la CCIM ambitionne d’élargir ses contacts avec les opérateurs économiques russes en initiant ce genre de rencontre, a-t-il indiqué.
Pour sa part, le directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements (Api-Mali), Moussa Ismaïla Touré, a rappelé que sa structure joue un rôle transversal en accompagnant non seulement l’Etat mais aussi le secteur privé. Il entend profiter de ce forum pour rassurer les investisseurs, faire la promotion de la « destination Mali », à travers la valorisation du potentiel naturel du pays, la formulation de projets innovants et structurants dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie, des infrastructures, de l’équipement, des transports, des télécommunications. L’objectif est de développer un nouveau modèle de promotion économique basé sur le financement privé.
Le promoteur du groupe « D&Son », Seydou Aliou Diallo, évolue dans les domaines du BTP, des mines, de l’hôtellerie, des hydrocarbures, du transport et de l’énergie. Présent au forum de Sotchi, ses attentes sont nombreuses. Il cherche d’abord des partenaires russes pour exploiter ses permis d’or et de lithium. Ensuite, il souhaite avoir des financements pour construire des hôtels à Bamako. Seydou Aliou Diallo veut aussi nouer des contacts en Russie (un grand producteur d’hydrocarbures) pour diversifier ses sources d’approvisionnement en hydrocarbures.
Quant à Amadou Sékou Gambi, il opère dans le domaine des mines. Depuis 2004, il possède une société minière dans le cercle de Kangaba. Gambi a fait ses études en ex-URSS et travaille actuellement avec les opérateurs économiques russes. Pour lui, ce forum offre l’opportunité de renforcer non seulement des liens existants, mais aussi de diversifier les domaines d’intervention (agriculture, élevage et environnement).
Envoyée spéciale
Christiane Diallo
Source: L’Essor-Mali