Accompagné des partenaires techniques et financiers du groupe thématique « environnement et changement climatique », le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement a arpenté les premiers jalons du partenariat public- privé dans la Faya
Cette nouvelle forme de collaboration va assurément changer le visage de cette immense ressource qui s’étale sur près de 80 000 hectares et dont l’Etat ne peut plus assurer la survie. Du fait de l’insuffisance des ressources humaines et financières, de l’incivisme des populations et des prédateurs de tout acabit, la Faya, comme tous les domaines classés de l’Etat, se meurt de façon dramatique.
Pour inverser cette tendance, il y a six mois, un contrat a été signé entre la direction nationale des Eaux et Forêts et la société Tam Voyages, sous la forme juridique d’une amodiation. Et depuis, des actes ont été posés. Le contrôle à l’intérieur de la forêt s’accroit avec, notamment, des patrouilles visibles. Cette police forestière est d’autant plus efficace qu’elle s’appuie sur une jonction entre les moyens aériens et les moyens au sol. Le promoteur dispose en effet d’un avion dont les différents passages permettent de découvrir rapidement les prédateurs. Et ça marche, au vu du nombre des fraudeurs régulièrement emmenés devant la gendarmerie locale. La surveillance aérienne s’avère aussi efficace contre les feux de brousse. En la matière, le promoteur a réalisé des pare-feux dont l’effet est d’un grand intérêt pour la préservation des arbres, de la faune et du sol.
Ce sont ces aspects que le ministre Ousmane Ag Rhissa est allé vérifier sur le terrain mardi. Il a eu confirmation sur place que la collaboration entre le service des Eaux et Forets et le promoteur privé se déroule dans le cadre du cahier des charges dont l’ossature est le plan d’aménagement.
Le ministre Ag Rhissa a surtout vu une partie des investissements qui vont transformer le domaine. A commencer par la fabrique de miel qui répond à tous les standards de certification aussi bien dans la collecte que le traitement. Il a aussi vu les éléments d’un élevage d’autruches dont la réussite est d’un grand encouragement. 1000, 2000, 3000 individus ? Nous ne sommes ni en Australie, ni au Kenya, mais à un jet de pierre de Bamako. Les œufs sont placés dans des couveuses. Déjà, des « œuvres d’art » d’une grande beauté sont visibles à partir des sous produits de cet élevage. Les œufs décorés sont, en effet, d’une grande beauté, tout comme les sacs à main et les ceintures en peau d’autruche et les superbes plumes décoratives. Demain, il sera possible de consommer de la viande d’autruche au Mali, réputée sa faible teneur en mauvaises graisses. Tout est d’une grande rationalité et tous les individus sont identifiés avec des codes précis.
Le domaine abrite aussi des tortues représentatives d’une espèce qu’on ne rencontre pratiquement que dans le nord du Mali, précisément à Kidal. Elles se reproduisent si bien qu’on en dénombre 25 000 aujourd’hui et que le promoteur envisage d’en lâcher dans la nature pour des essais de repeuplement. Et le spectacle est magnifique tout comme celui de cette ferme qui a fait de l’usage du goutte à goutte une option systématique pour l’arrosage et l’irrigation. Et ça marche.
Au terme de la visite, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement a reconnu la valeur du partenariat noué avec cette entreprise privée nationale. A ce propos, il a d’abord évoqué les bénéfices pour la conservation de la nature qui reprend ses droits peu à peu, avec des remontées et des apparitions de certains gibiers comme le buffle et même l’éléphant en précurseur. Il a aussi évoqué les intérêts écotouristiques liés à l’aménagement de la zone. C’est donc la bonne direction, a-t-il assuré à l’issue de la visite.
Ibrahim MAIGA
Ministère de l’Environnement et de l’Assainissement