De 1990 à 2006, l’Algérie a toujours été le seul médiateur dans les conflits au nord du Mali. Au moins une demi-douzaine d’Accords, dont le pacte national (signé en 1992), avait été conclue entre Bamako et différents mouvements touaregs, sous l’égide de ce pays voisin. Mais ces Accords ont tous fait long feu…
Malgré tout, les autorités maliennes ont continué à faire confiance en la médiation algérienne, puisqu’elle était la seule à intervenir à chaque rébellion au nord. Et du coup, l’Algérie était devenue incontournable pour toutes les questions sécuritaires dans la zone nord du Mali et même au-delà… C’est pourquoi, certains observateurs estimaient que la crise dans le septentrion malien constituait du pain bénit pour Alger, car elle offrait l’occasion au voisin de s’ingérer dans nos affaires et d’exercer toujours des pressions sur Bamako.
D’autres observateurs avaient cette conviction : des rebelles, trafiquants, ainsi que des notabilités, fauteurs de troubles à Kidal, travaillaient en bonne intelligence avec Alger pour faire du nord du Mali une chasse gardée algérienne.
Depuis l’occupation des régions du nord par des bandes terroristes et de narcotrafiquants, la donne a fondamentalement changé dans cette vaste zone. La réalité est que ni Bamako, ni Alger n’ont mesuré la gravité de la menace terroriste jusqu’à l’attaque de Konna et l’intervention française à partir du 11 janvier. Mais avant, le règlement de la crise du septentrion avait déjà mobilisé la communauté internationale à travers la Cédéao.
Pour sa part, le Mali affaiblit politiquement et militairement par le coup d’Etat de mars 2012, voulait sortir de l’emprise algérienne afin de chercher une solution au conflit. D’où l’ouverture des premières négociations à Ouaga, avant même l’attaque de Konna. Mais ces négociations se heurtaient à l’hostilité algérienne qui voulait garder la main… On se souvient qu’en décembre 2012, des responsables de deux mouvements (Mnla et Ançardine) avaient rédigé un communiqué à partir d’Alger. Ils exigeaient que l’Algérie soit le seul médiateur dans la crise malienne. Mais la Cedeao a vite décelé là, un piège sous ses pieds. Et l’organisation sous-régionale, quelque peu agacée par l’attitude des Algériens, était décidée à conduire le processus de négociations, jusqu’au bout. Avec l’Accord de Ouaga, c’est une nouvelle page qui s’ouvre à Kidal, avec une forte implication de la communauté internationale. Reste à espérer qu’elle soit la meilleure… des pages.
C. H. Sylla