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Flux financiers illicites : ARRÊTER L’HÉMORRAGIE

Une campagne vient d’être lancée dans ce sens avec comme stratégie de faciliter la consultation stratégique entre les principales organisations de la société civile et les partenaires de l’Afrique

reseau entreprise afrique ouest djibril baba taboure president reao mali pme pmi cosep ptfLes travaux de la rencontre des organisations de la société civile de l’Afrique francophone sur les flux financiers illicites (FFI) se sont achevés la semaine dernière à Dakar. Durant deux jours, les participants venus du Burkina Faso, du Tchad, du Sénégal, du Mali, du Burundi, de Côte d’Ivoire, de Mauritanie, de Tunisie ont discuté des conclusions et recommandations du rapport du Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites.

Rappelons que ce rapport a été présenté lors du 24è sommet de l’Union africaine à Addis Abeba et adopté par les dirigeants africains. Les conclusions du Groupe de haut niveau dirigé par l’ancien président sud-africain Thabo M’Beki font écho aux messages que la société civile à l’échelle du continent avait lancés pour dénoncer la menace que représentent les FFI pour le développement inclusif de l’Afrique et appeler à une action politique urgente pour vaincre le phénomène. L’une des conclusions les plus importantes du rapport est que les sorties illicites de capitaux du continent africain sont considérables et se situent à un taux alarmant de 20,2% par an (selon les calculs effectués par Global Integrity (GFU) sur la période 2002-2011).
Le Groupe a également effectué des études par pays sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique afin d’obtenir des données factuelles sur le phénomène. Ainsi 6 pays ont été retenus : l’Algérie, le Kenya, le Libéria, le Mozambique, le Nigeria et la République démocratique du Congo. Les critères de choix sont la répartition sous-régionale, l’importance du secteur extractif dans l’économie de ces pays et la situation des pays sortant d’un conflit.
Ainsi le cas de l’Algérie mérite d’être connu. Deuxième pays d’Afrique pour les réserves de pétrole et neuvième pays au monde pour les réserves de gaz naturel, l’Algérie est le principal exportateur de pétrole et de gaz naturel d’Afrique du Nord. Le PIB du pays est actuellement estimé à 273,59 milliards de dollars, son PIB par habitant s’élève à 6 978 dollars avec une croissance moyenne annuelle du PIB de 3,0%. Entre 1970 et 2008, l’Algérie a perdu environ 25,7 milliards de dollars (12850 milliards Fcfa) de recettes du fait des flux financiers illicites.
Lors des travaux, El hadji Dialigué Bâ, inspecteur des impôts, a présenté une communication sur les flux financiers illicites. Dans beaucoup de pays en développement, constate-t-il, la mobilisation des ressources est contrariée par le développement d’activités financières illicites qui, au-delà des questions de sécurité qu’elles soulèvent, occasionnent un préjudice énorme au Trésor public.
Ces dernières années, a-t-il noté, ces activités illicites sont en pleine expansion, notamment en Afrique. Les flux financiers sont par définition des capitaux acquis, transférés ou utilisés illégalement. La corruption, le trafic de drogue, le détournement des deniers publics, le piratage, la contrefaçon, le trafic de produits pharmaceutiques, la cybercriminalité et l’évasion fiscale, notamment à travers les transferts indirects de benefices, sont les principaux moteurs de ces flux financiers, a précisé le spécialiste.
Au demeurant, la fiscalité est un maillon essentiel pour promouvoir le développement durable. Or les pays en développement se heurtent à des difficultés majeures lorsqu’ils cherchent à renforcer leurs capacités en matière fiscale et à mobiliser leurs ressources intérieures. En effet dans un monde de plus en plus interconnecté, l’évolution des législations fiscales nationales ne suit pas toujours la même cadence que le développement des entreprises de dimension mondiale ou de l’économie numérique, ce qui ouvre des brèches susceptibles d’être exploitées pour obtenir une double non- imposition compromettant l’équité et l’intégrité des systèmes fiscaux, a-t-il souligné.
Le manque à gagner pour les Africains est ainsi estimé à 60 milliards de dollars (30000 milliards Fcfa) par an, soit un montant supérieur à l’aide publique reçue par l’Afrique en 2012 (46 milliards de dollars, soit 23000 milliards Fcfa).
Une action concertée permettra, selon El hadji Dialigué Bâ, d’élaborer des plans d’actions avec comme objectifs la promotion de la transparence dans la gestion des affaires publiques, la lutte contre la corruption et l’impunité, le renforcement de la justice et de l’Etat de droit.
Pour la promotion de la transparence dans la gestion publique, des mesures fortes comme la mise en œuvre de l’initiative de la transparence dans les industries extractives et le secteur de la construction ou les déclarations de patrimoine pour les gestionnaires publics, le renforcement des cours de compte et le développement du contrôle citoyen pourraient être intégrés aux plans d’action des pays.
Un autre temps fort de la rencontre de Dakar a été le lancement de la campagne « Arrêtons l’hémorragie ». L’objectif de cette campagne est de faciliter la consultation stratégique entre les principales organisations de la société civile et les partenaires de l’Afrique afin de renforcer les efforts indépendants et de collaboration déployés dans le cadre de la lutte contre les FFI aux niveaux national, sous-régional, continental et mondial.
A l’issue des travaux, la déclaration officielle de la campagne et l’Appel à l’action de l’Afrique contre les flux financiers illicites ont été adoptés. Dans la déclaration, les représentants de la société civile considèrent la décision prise par les dirigeants africains d’adopter le rapport du Groupe de haut niveau comme un pas dans la lutte contre le fléau. Par consequent, ils lancent un appel pour que des mesures politiques soient rapidement mises en œuvre aux niveaux national, continental et mondial, afin de mettre un terme, de façon efficace, aux FFI en provenance d’Afrique et de récupérer les milliards illicitement détournés du continent au cours des années.
Par ailleurs, ils exigent la divulgation complète de tous les partenariats public-privé et de tous les projets d’infrastructure, en particulier dans les secteurs sociaux essentiels tels que la santé, l’eau, l’assainissement, l’éducation, et l’électricité. Dans la poursuite d’efforts vigoureux pour la réalisation de ces exigences, les participants demandent la solidarité et la synergie des campagnes et de l’activisme existants pour assurer le développement de l’Afrique et la justice sociale. Ceux-ci incluent des campagnes sur la transformation des ressources naturelles et les industries extractives, la dette et le financement du développement, les Objectifs du développement durable, l’autonomisation des femmes, le plein-emploi et l’emploi décent, les mouvements de jeunesse, l’environnement et les droits de l’homme.

Envoyée spéciale
C. DIALLO

source :Essor

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