Le 24 février 2022, Bourama Fané dit vieux a été surpris d’un appel téléphonique venant du village de Diabani, un lieu où l’exploitation traditionnelle de l’or se passe. Ledit appel lui faisait part de la mort de Dramane Fané dit Neymar et de Daouda Fané dit Papou, deux frères décédés en un seul jour. Contrairement aux 1ères informations laissant croire qu’il s’agit d’un écroulement d’un site, Bourama Fané dit vieux, le père biologique des victimes s’est, par la suite, aperçu qu’il s’agit d’un assassinat programmé de ses fils, mais le tribunal de Kangaba, saisi et compétent pour l’affaire, peine à faire la lumière sur le drame.
Que de flou autour de la mort tragique de Dramane Fané dit Neymar et de Daouda Fané dit Papou, deux frères du même père et mère. Dramane Fané est l’ainé de Bourama Fané dit vieux. Malgré que leur famille se trouve à Bamako Sebénikoro, le nommé Dramane faisait l’orpaillage. Quant à son jeune frère Daouda Fané dit Papou, ce dernier était plutôt un étudiant. Il avait même été admis au concours de la police. Comme il venait d’être admis au concours, Daouda a décidé d’aller rendre visite à sa Maman et à son grand frère qui se trouvaient sur le site d’orpaillage du village de Diabani, dans le cercle de Kangaba. Chose qui ne fallait surtout pas, puisque Papou et son grand frère Neymar vont subitement mourir en un seul jour. Sur la question, Bourama Fané qui est leur père a donné des éclaircissements. « Courant jeudi 24 février 2022 aux environs de 9h, j’ai été appelé par certaines de mes connaissances pour dire que mes deux fils sont décédés suite à l’effondrement d’un site d’orpaillage à Diabani. Après m’avoir annoncé la nouvelle, les leaders appelés ‘’Ton boloma’’ avaient voulu enterrer leur corps à Diabani, mais je leur ai supplié de me les donner pour des fins d’enterrement à Bamako. Avec l’aide de certaines de mes connaissances, ils ont accepté de me donner les corps », explique le père Bourama. « Comme on m’avait dit qu’ils sont décédés suite à l’effondrement, j’ai été la première personne à constater, de visu, le corps de mes enfants, dès leur arrivée dans un hôpital à Bamako. Après avoir vu leur corps, je me suis rendu compte qu’il ne s’agit pas d’un effondrement, puisqu’aucun signe ne montrait cela. J’ai constaté que le pied de Daouda Fané avait été cassé, en plus de sa tête explosée. Il n’était pas sale et ses habits étaient propres. Son frère Dramane avait été atteint à son coup visiblement déplacé. Il était allongé comme s’il dormait », explique le père. Après l’enterrement, ajoute le père, les indiscrétions venues d’un jeune ont attesté que mes fils ne sont pas morts d’un effondrement, mais plutôt dans un autre contexte. C’est ainsi que Bourama dit avoir décidé de mener ses petites recherches. Il a alors été à la rencontre des ‘’Ton boloma’’ au village de Diabani. D’après Bourama, c’est un certain Drissa Magassouba et Siaka Magassouba, deux jeunes natifs du village de Banankoro, en plus d’un certain Karim Camara, un jeune de Tombola qui sont partis chercher, quelques jours après l’arrivée de Papou à Diabani, pour lui proposer une promenade dans le village. « Papou disait aux jeunes qu’il ne pouvait pas sortir de la maison, puisqu’il était un peu malade. Mais vu leur insistance, sa maman lui a demandé d’accompagner les trois jeunes qui lui ont amené hors du village, via une moto. Peu de temps après, les trois sont retournés appeler Neymar, le grand frère de Papou. Ils ont amené celui-là aussi sur le même endroit que le petit frère. C’est là que les deux frères ont perdu la vie », s’indigne Bourama. Lors dudit prétendu effondrement, il avait été annoncé que le pied du nommé Drissa Magassouba avait été cassé. Ce qui, selon le père, n’était pas vrai. Sur la base de ses enquêtes, Bourama Fané s’est effectivement rendu compte que la mort de ses enfants n’est pas claire. Il a donc saisi le procureur près le tribunal de grande instance de Kangaba. A son tour, ce magistrat a chargé les gendarmes d’enquêter sur le dossier. « Arrivée au village de Diabani, le commandant de brigade (CB) a appelé les ‘’Ton Boloma’’, puis les trois incriminés. Excepté les ‘’Ton boloma’’, les trois (3) jeunes n’ont pas répondu à l’appel du CB qui voulait les écouter dans l’affaire. Au cours de la route, un des gendarmes a clairement conseillé au CB d’aller doucement avec le dossier, pour raison que les personnes concernées sont natives de la localité », dénonce Adama Koné qui a été au village avec les gendarmes. Le pire dans cette histoire, c’est que les trois suspects finalement arrêtés riaient du père Bourama et de son jeune frère, alors qu’ils étaient tous à la gendarmerie pour cette même affaire, s’indique Bourama. « Quand on a été tribunal de Kangaba, les trois ont été d’abord autorisés à entrer pour s’entretenir avec le président du tribunal, au lieu du procureur. Lequel dossier reproche aux trois suspects : la non-assistance d’une personne en danger». Aux dires de Bourama, les trois personnes sont pour l’instant libres. « Le tribunal ne m’appelle plus. La mère des défunts avait voulu s’exprimer, mais elle a été aussi empêchée par le tribunal », regrette le père qui appelle au secours pour « la manifestation de la vérité sur la mort de ses fils ».
Mamadou Diarra