Au terme de neuf ans de lutte antijihadiste menée par Paris, la France et ses partenaires européens ont officialisé ce jeudi leur retrait militaire du Mali. “Nous allons donc progressivement fermer, dans un exercice qui va prendre 4 à 6 mois, les bases qui sont présentes au Mali“, a ainsi annoncé Emmanuel Macron, au terme d’un sommet à Paris sur le Sahel.
Invitée ce jeudi soir sur LCI, la ministre des Armées, Florence Parly, est revenue sur les raisons de cette décision.
La junte militaire malienne, un frein à l’action de la France et de ses partenaires dans le pays
“Nous n’avions plus la capacité de pouvoir mener les missions que l’État malien lui-même nous avait demandé de remplir lorsqu’en 2013, il a appelé la France à son secours”, explique Florence Parly. Le pays, rappelle la ministre, était alors “soumis à une vague djihadiste qui était susceptible d’entrer dans la capitale, Bamako, et aurait pu produire soit un effondrement ou une division de l’État malien”.
Selon la ministre, la junte malienne, qui s’est emparée du pouvoir en août 2020, “ne nous permet aujourd’hui plus de remplir notre mission”. Ces militaires poutchistes ont “essayé puis réussi à repousser les échéances sur lesquelles ils s’étaient engagées” pour restituer le pouvoir à des autorités civiles, explique-t-elle. “Si ces engagements avaient été respectés, il y aurait en ce moment même des élections au Mali”, insiste Florence Parly.
Ainsi, indique-t-elle, Emmanuel Macron souhaitait “depuis plusieurs années et en particulier depuis le sommet de Pau en 2020” que l’action de la France puisse être “relayée, accompagnée, internationalisée aussi bien avec nos partenaires africains et sahéliens d’un côté, mais aussi avec nos partenaires européens”.
Vers une évolution des modalités d’action
Pour autant, fait savoir Florence Parly, le retrait des troupes ne signifie pas un abandon complet de l’action française et des États partenaires. Emmanuel Macron, rapporte-t-elle, veut “aujourd’hui faire évoluer notre dispositif en profondeur”.
“Il nous faut maintenant définir avec les États partenaires, les États du Sahel et d’Afrique de l’Ouest – qui se sentent, eux aussi, de plus en plus concernés par cette descente des groupes terroristes vers le sud -, des modalités d’action qui nous permettront de coopérer sur un mode différent, avec une présence moins lourde, plus mobile”, dit-elle. “C’est tout l’enjeu de ces prochaines semaines.”
Pour la ministre, l’action militaire n’est d’ailleurs “pas une fin en soi”, mais “un moyen qui doit permettre d’entraîner tout le reste”, à l’image de l’implantation d’ONG ou d’opérateurs du développement en toute sécurité.
Actuellement, 4600 militaires français sont déployés dans la bande saharo-sahélienne dont 2400 au Mali, a indiqué ce jeudi le porte-parole de l’état-major, le colonel Pascal Ianni, lors d’un point de presse à Paris, ajoutant : “A la fin (du retrait), nous serons sur un volume de 2500 à 3000 hommes”. Des hommes appartenant aux forces Wagner, cette société de sécurité privée russe, viendront renforcer ces effectifs, selon les souhaits du Mali.
Source: tf1info