La réforme de l’armée suppose la formation et le recyclage des hommes et femmes devant la servir. C’est dans cette dynamique de la reconstruction de nos forces armées que des élèves-officiers et sous-officiers d’active de 2è année, respectivement de l’École militaire interarmes de Koulikoro et de l’école militaire de Banankoro, viennent de suivre un stage d’aguerrissement de six semaines au centre des commandos parachutistes de Samanko (à environ 30 km de Bamako).
Le chef d’État-major général des armées, le général de division Mahamane Touré, a présidé hier la cérémonie de fin de formation qui s’est déroulée à la direction des Écoles militaires, dans l’enceinte de l’ex-SNJ. Le directeur des écoles militaires, le colonel-major Bakaye Thiéro, le président de la commission d’aguerrissement, le général de brigade Djibril Sangaré, et d’autres hautes autorités militaires étaient présents à l’événement.
Les stagiaires ont acquis de nouvelles connaissances et des techniques destinées à améliorer leur goût de l’effort et leurs capacités de survie et de résilience. Ils ont tiré des balles à outrance et passé sous le feu. Cette formation leur a ainsi permis la maîtrise d’un environnement de combat et l’usage de quelques armements.
Avec une fierté non feinte, le général Mahamane Touré a expliqué que le but de cet exercice était de revenir à nos valeurs culturelles. « Celles qui ont fondé et fait le succès de nos empires et royaumes. Nous les avions perdues. C’est pourquoi nous connaissons un certain nombre de déperditions », a-t-il noté. Pour lui, l’actualisation de ces valeurs permettra de fonder l’armée de nos besoins. « Nous avons constaté, en faisant un état des lieux, que nos armées avaient des valeurs », a-t-il souligné.
S’adressant aux stagiaires, le général Touré a indiqué : « Nous considérons que vous avez reçu une évaluation individuelle de vos capacités et limites, et la mesure dans laquelle vous pourriez les dépasser. Vous avez prouvé que vous en êtes capables ». Le chef d’État-major général des armées a évoqué à ce propos le raid de 240 km effectué au terme du stage, une épreuve qui confirme les aptitudes des stagiaires à encadrer les militaires placés sous leurs ordres.
Mahamane Touré a saisi l’occasion de la présence en grand nombre de candidats venus déposer leurs dossiers en vue du concours de recrutement dans l’armée, pour fustiger certains manquements dans le mode de recrutement. Les recrutements en cours, a-t-il promis, seront très filtrés. Seuls ceux qui sont véritablement aptes physiquement seront formés au métier des armes.
Le stage avait débuté le 1er août pour les élèves sous-officiers et le 15 août pour les élèves officiers. Les premiers étaient 127 et les seconds, 36. Ils ont tous réitéré leur engagement et leur détermination à servir la patrie.
Deux autres stages de formation de 9 et 12 semaines respectivement dénommés « Kélétigui » et « Nama » (des noms de sociétés secrètes) sont prévus pour les mêmes élèves, sur la base du volontariat. Les meilleurs d’entre eux seront sélectionnés pour encadrer les nouvelles recrues.
Le sous-officier d’active, Véronique Dakouo, 22 ans et détentrice d’une licence en hôtellerie et tourisme, s’est distinguée par son courage et son endurance durant la formation. Selon le président de la commission d’aguerrissement, elle a réussi à cacher une fracture au tibia durant une semaine. Elle a fondu en larmes quand la commission et l’encadrement l’ont instruit d’arrêter afin de bénéficier de soins appropriés. Une belle leçon d’endurance et de volonté qui préfigure les valeurs attendues de la nouvelle armée malienne.
C. M. TRAORÉ
source : Essor