Ceux qui considèrent que Barkhane est un échec négligent certains aspects géopolitiques. Mettre fin à la présence militaire française au Sahel serait désastreux.
La paresseuse assertion selon laquelle la France aurait échoué au Mali mérite, quelques jours après l’annonce par Emmanuel Macron de la fin de l’opération Barkhane, qu’on lui fasse un sort. D’abord, on ne peut sérieusement parler de succès ou d’échecs sans revenir à l’objectif original de l’opération lancée par François Hollande en janvier 2013 : empêcher une troupe djihadiste – qui progressait rapidement vers Bamako après avoir occupé et martyrisé plusieurs villes du Mali – de s’emparer de la capitale. La victoire fut d’autant plus incontestable et précieuse qu’aucune autre puissance n’aurait été capable de dépêcher de tels moyens humains et matériels de grande qualité en quelques heures et que, sans elle, une capitale musulmane aurait été conquise pour la première fois par des djihadistes. On ajoutera que, depuis, ces derniers n’ont investi ni Bamako ni aucune agglomération malienne ou sahélienne majeure.
L’opération Barkhane est un échec pour ceux qui pensent à tort qu’elle eut aussi pour mission d’y résoudre la corruption, la gabegie sociale, le clanisme ou encore les rivalités interethniques (en l’espèce liées aux Touareg du Nord) – aucun de ces fléaux hélas largement présents en Afrique subsaharienne n’étant hélas exclusif des autres. Feu le président malien ne demanda pas cela à la France, dont ce n’était de toute façon pas la vocation, en dépit des aides accordées au pays. Sous prétexte d’une situation sociale,