● Mondial-2010: une question à 10 millions
Le président de la Fédération sud-africaine (Safa), Danny Jordaan, a reconnu dimanche qu’une somme de dix millions de dollars avait été versée en 2008 par le comité d’organisation du Mondial-2010, dont il était alors le président, à la Concacaf (Confédération d’Amérique du Nord, centrale et Caraïbes), mais a nié qu’ils aient servi de pots-de-vin, comme le soupçonne la justice américaine dans le cadre du scandale planétaire de corruption qui frappe la Fifa.
Cet argent a été déduit des 100 millions de dollars versés par la Fifa pour l’organisation de la première Coupe du monde en terre africaine, et était destiné à un fonds de développement de la Concacaf, a-t-il expliqué dans le journal sud-africain Sunday Independent. «Comment aurions-nous pu payer un pot-de-vin pour des voix quatre ans après avoir été choisis?», s’est défendu M. Jordaan. Tout comme Thabo Mbeki, président de la République à l’époque, le gouvernement sud-africain actuel a rejeté avec véhémence les accusations de corruptions.
L’acte d’accusation de la justice américaine publié mercredi soupçonne le Trinidadien Jack Warner, alors président de la Concacaf, d’avoir empoché cette manne en échange de trois voix en faveur de l’Afrique du Sud lors du vote pour l’attribution du Mondial-2010.
Warner, qui s’est retiré du monde du football en juin 2011 et dont le nom est cité dans plusieurs affaires de corruption, a été arrêté cette semaine puis relâché sous caution. Cet ex-vice-président de l’instance mondiale du foot fait partie des neuf élus de la Fifa, actuels et anciens, inculpés mercredi par le justice américaine pour corruption, racket et blanchiment. «Tout ceci a pour origine la candidature malheureuse des États-Unis pour organiser la Coupe du monde 2022. Aucun pays au monde n’a un droit divin qui lui assure l’organisation de la Coupe du monde. Acceptez votre défaite, soyez des hommes et tournez la page», a réagi M. Warner dimanche dans une vidéo publiée sur sa page Facebook.
● La banque Barclays ouvre une enquête interne
Dans l’autre volet de la tourmente déclenchée mercredi, la justice suisse a indiqué à l’AFP interroger plusieurs membres actuels du comité exécutif de la Fifa, mais pas son président Sepp Blatter, qui «pourra l’être à l’avenir». Parmi les neuf personnes interpellés, sept d’entre eux sont détenus en Suisse et refusent tous leur extradition aux États-Unis, dont la procédure peut durer environ six mois. Les 47 chefs d’inculpation portent sur une période de vingt-cinq ans et des sommes d’un montant global de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétrocommissions en échange de droits TV et marketing pour des tournois internationaux.
Dans ce cadre, la banque Barclays, citée dans la procédure judiciaire comme ses concurrentes également britanniques Standard Chartered et HSBC, a ouvert une enquête interne pour vérifier si ses comptes ont été utilisés pour des transactions suspectes, a appris l’AFP de source proche du dossier.
Le Serious Fraud Office (SFO), l’office britannique de lutte contre la délinquance financière, avait annoncé vendredi qu’il examinait des éléments en sa possession concernant ce scandale. Cette enquête sur la désignation de la Russie et du Qatar pour les deux prochaines Coupes du monde a été ouverte il y a deux mois, sur la base d’une plainte de la Fifa, et n’a été révélée que mercredi.
● Londres demande la démission de Blatter et menace de boycotter le Mondial
Dans le Sunday Times, John Whittingdale, secrétaire d’État britannique chargé des Sports, a demandé de nouveau le départ de Blatter et n’exclut pas un boycott de la Coupe du monde de football par les pays européens si celui-ci s’accroche à son poste. «Aucune option ne doit être écartée», estime-t-il.
Le Premier ministre, David Cameron, et Greg Dyke, président de la fédération anglaise de football (FA), ont également demandé la démission de Sepp Blatter.