Faute de consensus autour des revendications remises au goût la semaine dernière, YacoubaKatilé et ses camarades recourir à l’ultime arme syndicale, quitte à « déstabiliser la Transition» par la jouissance d’un droit constitutionnel.
Célébrée tous les 1ers mais à la mémoire des pionniers de la lutte syndicale qui se sont sacrifiés pour perpétuer l’idéal de lutte ainsi que pour un monde de travail plus juste et plus décent, les travailleurs maliens ont observé, samedi dernier, à l’instar de ceux du monde entier, le 135e anniversaire de la fête du Travail. Pandémie oblige, le traditionnel défilé n’aura pas eu lieu, mais la principale centrale syndicale, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), s’est entretenu avec la presse à son quartier général de la Bourse du Travail. Aminé par le Secrétaire général YacoubaKatilé, l’événement a enregistré la présence de M Olivier Traoré, secrétaire général de la plateforme d’Action commune composée du Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale, du Syndicat autonome des administrateurs civils, du Syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales et du Comité syndical des Agences de développement régional. On notait également la présence du Secrétaire général du syndicat autonome des greffiers, secrétaires de greffes et parquets (Synag), AlfousseiniDoucouré.
Face aux journalistes, YacoubaKatilé a relevé que le 1er Mai de cette Anne n’est pas celui de l’espoir pour le Mali, au regard des soubresauts d’une transition qui semble dévier des aspirations des Maliennes et Maliens. Et d’expliquer dans la foule que «se taire et laisser faire n’est pas seulement une complicité, mais le renoncement aux devoirs sacro-saints de patriotisme, à défaut du nationalisme ». Selon lui, la Fête du Travail intervient à un moment où les travailleurs sont perplexes devant l’inexistence de politique gouvernementale quant au respect des principes d’Etat de droit dont les libertés syndicales, la garantie et le renforcement des acquis qui ne sont que des volets liés au progrès social. Fustigeant la gestion actuelle des affaires, le Secrétaire général de l’Untm a assimilé la Transition à un pouvoir militaro-technocratique en la taxant d’œuvrer à jeter aux calendes tous les accords conclus avec les syndicats, excepté ceux qui leur conviennent.
En ce qui concerne les accords signés avec l’Untm et ses alliés que sont la Plateforme Commune et le Synag, Katilé exige leur application conformément au PV de conciliation, ainsi la signature des décrets y afférents pour que les grèves s’estompent. Il a aussi déroulé les 7 points de revendication résumes comme suit : l’application immédiate des accords dont les délais sont arrivés à termes ou même dépassés, la diligence de ceux dont les délais courent encore, la prise en main par le Gouvernement de Transition des salaires des travailleurs de la Comatex-SA ainsi que le redémarrage de sa production dans l’immédiat, l’extension de la prime de judicature aux greffiers et secrétaires des greffe et parquets conformément à l’harmonisation du point 1.1 du Procès-verbal de Conciliation du 5 février 2021, le retour à leurs postes respectifs des travailleurs de l’Administration territoriale relevés pour faits de grève, l’application sans délai du point d’accord relatif au paiement des salaires et accessoires de salaires des fonctionnaires des collectivités territoriales du cadre de l’Administration générale conformément aux Procès-verbaux de Conciliation des 23 mai 2017, 24 mai 2018 et 26 juin 2019, l’application immédiate des Accords d’Etablissement des Agences de Développement Régional (ADR) du Mali.
Et de mentionner au passage que toutes ces revendications s’adossent sur des accords dûment conclus et signés, hormis le point 5 en rapport avec le retour à leurs postes respectifs des 22 travailleurs du ministère de l’Administration territoriale. En tout état de cause, si les exigences ainsi formulées ne sont pas satisfaites, le Bureau exécutif mobilisera l’ensemble des travailleurs sur le territoire national pour l’observance d’une grève de 96 heures allant du lundi 17 au vendredi 21 mai 2021. Aussi, en cas de désaccord, le préavis du lundi 24 au vendredi 28 mai 2021 sera maintenu et la grève va se poursuivre jusqu’au lundi 31 mai avec un caractère illimité.
YacoubaKatilé prévient par ailleurs que l’argument du manque d’argent ne saurait prospérer dès lors que des non-élus s’octroient des dizaines voire des centaines de millions de salaires et des milliards en fonds de souveraineté. Quant à l’opportunité de la grève soulevée par les confrères, le Secrétaire général de l’Untm estime qu’aucune circonstance ne saurait obliger une centrale à se taire ou à renoncer à ses revendications. «Nous allons continuer à réclamer nos droits», a-t-il martelé, en laissant entendre que c’est pour le peuple malien et non seulement pour les seuls travailleurs.
Les autorités de la Transition ne l’entendent certainement pas de cette oreille et pourrait l’assimiler à cette tentative de déstabilisation tant redoutée et déjà annoncée dans le réquisitoire introductif du procureur où une partition était attribuée à la Centrale syndicale.
Amidou KEITA
Source: Journal Le Témoin- Mali