Le Festival de Bélénintougou est une véritable réjouissance populaire à Somasso, une localité située à plus de 300 km de la capitale dans la région de Ségou. A l’entrée du village, une cohorte d’enfants, en file indienne, réserve un accueil des grands jours à la délégation officielle. Les chasseurs armés de fusils annoncent l’arrivée des festivaliers en tirant des coups de feu.
C’est dans cette liesse populaire, cette ambiance de vivre ensemble et d’engagement pour le développement de la Commune que s’est déroulée, du 23 au 25 mars derniers, la 5è édition du festival dont la cérémonie d’ouverture a enregistré la présence de l’ancien ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné, du président de l’Association pour le développement de Somasso (ADS), notre confrère Markatié Daou, des autorités politiques et des représentants de la chefferie traditionnelle. Le festival est lié à l’histoire du village, notamment à une fête traditionnelle qui a lieu chaque année après les récoltes pour conjurer le mauvais sort. Ce rendez-vous culturel est organisé par l’ADS, en collaboration avec les autorités coutumières et politiques de la localité. Plusieurs ressortissants de la Commune et des villages voisins étaient mobilisés.
Durant trois jours, les festivaliers ont découvert les merveilles et les génies protecteurs du village.
Un des temps forts du festival a été la prestation des artistes, notamment Mahamadou Dembélé dit Dabara, Sékouba Traoré dit Sékoubani, Miss Mawa Maleika, Seydou Zampèrè et d’autres musiciens sur fond d’instruments du terroir, notamment « Baara », « Niogo », « Waaga », et « M’bolon »…
L’ancien ministre en charge de la Santé a exprimé son attachement à la culture minianka. Il a rendu un vibrant hommage au président de l’ADS tout en saluant son engagement pour son village mais aussi pour sa patrie.
Le maire de Somasso a expliqué le contexte du festival et son impact sur le développement local. Le Bèlèni est un endroit sacré où les habitants viennent implorer les génies protecteurs du village pour la réalisation de leurs vœux. Une fois ces vœux exaucés, ils reviennent honorer des engagements pris et remercient les génies protecteurs de la localité.
La fête qui est organisée à l’occasion de cette rencontre annuelle s’appelle le Bèlènitougou. Elle se tenait dans un endroit sacré. La périodicité de l’événement était perçue comme un signe de protection contre les dangers naturels et les envahisseurs par les génies protecteurs, symbolisés par des chevaux blancs. Pour Markatie Daou, l’organisation de cet événement est une reconnaissance envers le village. A en croire notre confrère, le Bèlènitougou est une fête qui s’articule aussi autour de la question environnementale. C’est un grand espace, une forêt où on allume un feu contrôlé pour annoncer le début de la chasse après une période d’interdiction en vue de permettre aux animaux une reproduction normale. Après le feu sur le Béleni, une chasse collective est organisée en vue de faire un repas commun à base de haricot, a-t-il expliqué. Le Bélènitougou est une fête traditionnelle qui existe à Somasso depuis des siècles, selon le pasteur Notéké Daou, un octogénaire du village. En 2015, l’ADS a érigé la rencontre en un festival. Il a aussi expliqué que cet évènement vise à encourager les bras valides de la communauté à travers musique, chants et danses traditionnelles du terroir mais aussi des projets de développement, notamment la construction d’un centre culturel, d’une maternité et d’autres projets.
Au cours des causerie-débats sous les grands manguiers, les initiateurs du festival ont expliqué aux jeunes l’importance des instruments, aujourd’hui, en voie de disparition.
Parmi ces instruments mythiques, il y en a qui ne sont plus joués devant le public depuis très longtemps parce qu’ils sont devenus des patrimoines du village. Mais ils restent abandonnés à leur sort, car ils ne sont même plus joués lors des événements.
Maïmouna Daou, venue spécialement de Bamako pour partager ce moment de fête avec les siens, a estimé que c’est une question de dignité et de fierté. « Il se tient une seule fois pendant toute l’année et pour tout l’or du monde je ne manquerai ce rendez-vous culturel », témoignera-t-elle.
Le festival réunit tous les villages voisins. Ainsi, la commune est prise d’assaut par une foule de festivaliers, notamment de jeunes bobo, minianka, peul et bambara pour découvrir la culture minianka. Il se démarque des autres festivals par son caractère traditionnel et original.
Amadou SOW
L’Essor