Un premier long-métrage et une première sélection au Festival de Cannes. Le réalisateur français d’origine malienne Ladj Ly a présenté le mercredi 15 mai son film « Les Misérables », où il met en images les conséquences d’une bavure policière commise dans la cité des Bosquets, en banlieue parisienne.
Si tous les longs-métrages en compétition à Cannes reflètent la vision singulière de chacun de ces réalisateurs et réalisatrices français, coréen, américain ou palestinien, une thématique commune semble en traverser plusieurs: l’immigration. Un sujet on ne peut plus d’actualité, notamment au cœur de la campagne des élections européennes qui se joueront le 26 mai, au lendemain de la clôture du Festival.
« Les Misérables »met en scène la vie dans la cité des Bosquets de la ville de Montfermeil – où Victor Hugo avait justement écrit une partie de son roman – et dont plus de 30% des habitants sont issus de l’immigration aujourd’hui.
Une grande partie des acteurs du film y vivent tout comme le réalisateur Ladj Ly, né en 1980 alors que ses parents venaient d’arriver du Mali.
Cofondateur du collectif Kourtrajmé aux côtés de Kim Chapiron et Romain Gavras au milieu des années 1990, il est vite devenu « l’homme à la caméra » de Montfermeil, raconte un portrait du Monde. Pendant les émeutes de 2005, il tourne le documentaire « 365 jours à Clichy-Montfermeil »puis passe au « copwatching »et filme toutes les descentes de police dans son quartier – jusqu’à immortaliser une bavure en 2008.
Reprise par les médias, la vidéo entraînera l’ouverture d’une enquête de la police des polices avec à la clé une condamnation pour les agents compromis.
« Les Misérables »n’est certes pas un documentaire, mais reste que Ladj Ly y dépeint sa réalité, la réalité de la banlieue dans laquelle il a grandi, où il vit toujours et où plusieurs générations cohabitent.
Dans une interview, Ladj Ly, qui est aussi membre du collectif Kourtrajmé (production de courts-métrages), précise qu’il n’a pas fait d’école de cinéma et a appris sur le tas.
Le jeune cinéaste dit s’inspirer de son vécu, de la réalité et de ce qu’il voit.
Les « Misérables », c’est un clin d’œil à l’œuvre de Victor Hugo, dont Ladji Ly emprunte le titre pour dépeindre le quotidien des habitants des banlieues. « On a fait travailler plus de 200 personnes, souligne le réalisateur, qui a même offert des cours d’Acting à de jeunes figurants des quartiers ».
Vu comme un film choc, qui bouleverse les codes, Les Misérables de Ladj Ly, figure dans la compétition officielle, en lice pour la Palme d’or du Festival de Cannes. Verdict le 26 mai.
Source: l’Indépendant