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Femmes rurales: Difficile équation de l’accès à la terre

 Au Mali, si l’Etat exige, dans ses projets de développement, de réserver aux femmes 10 à 15% des terres aménagées, au niveau national, cette mesure n’est pas très suivie dans les villages et hameaux, où c’est le droit coutumier qui prévaut.

Pour une famille paysanne, la terre est la première richesse et le premier facteur de production. Au Mali, de nombreuses femmes rurales exploitent la terre pour des activités génératrices de revenus, dans le but de contribuer et d’amélioration la production alimentaire de la famille. Quand elles commercialisent et ont des revenus, c’est pour faire face aux besoins familiaux, notamment se procurer « le prix de condiments », les soins médicaux et l’habillement  des enfants. Cependant, leur accès à la terre rencontre d’énormes problèmes.

Pour remédier à cela, des mesures législatives ont été prises comme la loi relative au foncier rural qui consacre l’égalité de l’homme et de la femme concernant l’accès à la propriété foncière. Mais cette loi reste inapplicable, car les femmes rurales ont des difficultés pour accéder aux terres. Elles ont plutôt un droit d’usage de la terre restreint et provisoire. Le quota légal de 10 à 15% des terres aménagées aux femmes et le droit coutumier s’ignorent rendant difficile qu’une femme soit propriétaire foncier.

Selon Alimata Traoré, présidente de laConvergence des femmes rurales pour la souveraineté alimentaire de Sikasso (COFERSA), les femmes rurales sont confrontées à plusieurs difficultés, notamment les pesanteurs sociales culturelles et religieuses, toutes choses qui font qu’elles n’ont pas droit à la terre. «Malgré tous les efforts, les femmes rurales restent toujours confrontées aux mêmes préoccupations, notamment l’accès aux terres agricoles. Lors des prises de décisions, elles ne sont jamais consultées avant  l’attribution ou l’exploitation des terres au niveau des villages», a-t-elle expliqué.

Mme Traoré a ajouté que les femmes rurales contribuent beaucoup dans la production alimentaire grâce à leurs activités de maraichage. Selon elle, dans certains villages, il arrive qu’on attribue un champ àune femme, mais dès qu’elle l’aménage bien et qu’il devienne fertile, on le lui retire.

Course d’obstacles – La présidente des femmes rurales du Cercle de Koutiala, Maïmouna Sanogo, confirme que l’accès des femmes rurales à la terre reste toujours un parcours de combattants en milieu rural. «Mêmes les femmes veuves sont expropriées des terres de leur défunt mari, sous prétexte que dans nos coutumes, une femme ne peut être propriétaire d’une terre», a regrette Mme Sanogo.

Concernant les 10 à 15 % des terres aménagées accordées aux femmes par l’Etat, notre interlocutrice a déploré la non application de cette mesure en zone rurale, où l’on considère que les terres sont régies par le droit coutumier. Elle a estimé qu’il faudrait trouver un moyen pour mettre les femmes rurales dans leurs droits, afin d’atténuer leurs souffrances.

Mariam Diarra est membre de la coopérative Al Macina, un microprojet de maraîchage des femmes à Mourdiah, dans la commune rurale de Niamana, Cercle de Nara, dans la Région de Koulikoro. « Dans cette contrée, il faut être membre d’une coopérative pour accéder à la terre », a-t-elle expliqué.  «C’est une mesure qui n’a pas de sens, car dans les villages, ce sont les femmes qui prennent en charge la majeure partie des dépenses familiales. Malgré ces efforts, leur mari refuse de leur donner des terres pour mener des activités génératrices de revenus, comme le maraichage», a déploré Mme Diarra, ajoutant que «pour accéder à la terre, nous dépendons des hommes».

La réalité est tout autre à l’Office du périmètre irrigué de Baguineda (OPIB). Le directeur général, Mamadou Togola, a affirmé que le quota attribué aux femmes et aux jeunes est bien respecté lorsqu’il y a de nouveaux aménagements. Il précise qu’il y a 150 femmes qui sont attributaires de terre dans le périmètre irrigué.

La Fédération nationale des femmes rurales (FENAFER), la grande faitière des femmes rurales, lutte pour faciliter l’accès des femmes rurales à la terre. Elle a déjà initié des formations et des actions d’éducation, de sensibilisation et de conseil juridique en direction des chefs religieux et coutumiers, des responsables administratifs et politiques.

La FENAFER est une association apolitique indépendante, laïque et non confessionnelle née de la volonté et de la solidarité des femmes rurales qui, après avoir constaté la dégradation progressive de leur situation, ont jugé nécessaire de créer cette association afin qu’elle soit un halo d’espoir pour toutes les femmes rurales. Les interventions de la FENAFER concernent, spécifiquement, les femmes exerçant des activités rurales dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, la pêche, la foresterie et l’artisanat.

AMK/MD

Source: AMAP

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