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Faut-il craindre l’opération “Revanche pour le Sham”?

Faut-il craindre l’opération “Revanche pour le Sham” de Daesh?

Avec Alain Rodier

Atlantico : Depuis quelques jours, l’Etat islamique a entamé une offensive internationale pour “venger le califat”. Une “revanche pour le cham”, mais que signifie-t-elle concrètement et comment se manifeste-t-elle ?

Alain Rodier : L’appel à lancer cette offensive générale baptisée “venger le Cham (Syrie)” a été entendu par tous les adeptes de Daech de par le monde. Cela laisse à penser que les communications fonctionnent encore et surtout, qu’il y a toujours un “commandement central” (Abou Bakr al-Baghdadi n’est toujours pas réapparu, vivant ou mort). Bien sûr, d’autres sympathisants ont pu passer à l’action en lisant la presse qui a largement relayé cet appel ou, autre cas de figure, des actions qui n’avaient rien à voir avec l’opération “venger le Cham” ont été revendiquées comme telles par les organes de propagande du mouvement (qui eux aussi continuent à fonctionner correctement ce qui ne lasse pas d’inquiéter).

Cela se traduit par de nombreuses opérations ponctuelles lancées, soit sur le théâtre syro-irakien, soit dans des provinces (wilayat) extérieures.

La première attaque a lieu le 9 avril avec la prise de la localité de Fuqaha en Libye par la wilayat al-Barqah suivie de l’assassinat des responsables locaux. Depuis deux ans, l’EI est présent dans cette région ayant attaqué la ville à plusieurs reprises. Daech a profité de l’offensive déclenchée par le maréchal Haftar sur Tripoli pour déclencher son coup de main sur ses arrières. Par là, Daech signifie qu’il n’a pas disparu de Libye même s’il a été chassé de Syrte en décembre 2016.

Ensuite, dans la wilayat Sinaï, un kamikaze s’est fait exploser devant le poste de police de Sheikh Zuweid tuant ou blessant une dizaine de policiers et de civils. Parallèlement, des actions coup de poing ont été lancées au sud d’El-Arich, à Rafah et dans la région de Ras Sudr au sud de Suez sur la Mer Rouge. Une première…

En Syrie, la partie de la province de Deir Ez-Zor contrôlée par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) a fait l’objet de multiples actions terroristes ainsi qu’à des exécutions ciblées. La région de Raqqa n’a pas été épargnée par les attaques et embuscades faisant des dizaines de victimes. Un convoi FDS/Forces spéciales US a même été visé par un véhicule piégé sur la route Chaddadi-Hassaka.

En Irak, dans la province d’al-Anbar, l’EI a utilisé de nombreux IED particulièrement à la frontière syrienne (la localité d’Al-Qaim est un objectif privilégié) tuant des dizaines de militaires et de miliciens chiites. La province de Kirkouk n’a pas été oubliée étant ciblée par de nombreuses actions de type terroriste.

La wilayat Afrique de l’Ouest prend également part à l’opération tirant à l’aveuglette des roquettes contre l’aéroport et la base militaire de Diffa au Niger à la frontière du Nigeria. La même wilayat revendique l’assassinat le 11 avril dans la région de Menaka au nord du Mali d’un chef touareg et de plusieurs de ses hommes membres du mouvement progouvernemental pour le Salut de l’Azawad (MSA). A noter que si l’on parlait beaucoup de l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) fondé en mai 2015 d’une scission de la katibat Al-Mourabitoune (de Mokhtar Belmokhtar) prêtant allégeance à Daech qui reconnaissait officiellement ce ralliement en octobre de la même année, les revendications proviennent désormais de la wilayat de l’Afrique de l’Ouest (originaire du Nigeria). Cela interroge sur la chaîne hiérarchique de Daech dans cette vaste zone (dont le Burkina Faso). Il est possible qu’ayant, dans un premier temps, ignoré cette branche qui lui avait fait allégeance, Daech ait décidé de la reprendre en main mais en la plaçant sous tutelle.

En Somalie, la branche locale de l’Etat islamique a assassiné un officier de police à Bosasso dans le Puntland.

A l’évidence, les actions offensives sous le label “venger le Cham” vont se poursuivre dans l’avenir proche.

Petite précision: à l’heure où sont écrites ces lignes, rien ne vient corroborer l’hypothèse que l’incendie de Notre Dame de Paris serait d’origine criminelle ou terroriste. Aucune revendication “sérieuse” d’un mouvement de quelques nature qu’il soit n’a été émise durant la nuit. La piste privilégiée par les pompiers est un incident survenu sur l’important chantier de rénovation actuellement en cours. L’enquête apportera plus de réponses dans les jours ou semaines à venir.

En imposant l’idée d’une revanche pour le califat, l’Etat islamique entend-il prouver qu’il n’est pas mort et qu’il continuera à frapper ? Cette affirmation vaut-elle pour le monde entier ou concerne-t-elle seulement quelques pays où la présence de nébuleuses est avérée ?

Sachant qu’il y a trois niveaux dans la guerre insurrectionnelle (terrorisme – guérilla – guerre conventionnelle) , on notera qu’en dehors du théâtre africain et du Sinaï, Daech reste au premier niveau (le plus faible), celui de l’action terroriste (IED, assassinats ciblés, kamikazes, etc.) ce qui tend à prouver qu’il est en phase de reconstruction. Toutefois, Daech a deux points forts : l’idéologie salafiste continue à être en pleine expansion – même en Europe – et les ressources humaines, particulièrement au sein des personnes désabusées – sont légion. Il ne va donc pas avoir de peine à recruter de nouveaux activistes alors qu’aucun discours idéologique cohérent ne vient contrebalancer le sien.

atlantico.fr

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