Une forte délégation du Rassemblement Pour le Mali (RPM) a été reçue, vendredi dernier, en début de soirée, au siège du Parti Fare An Ka Wuli représenté au plus haut niveau. Au menu des discussions, les dossiers brûlants : révision constitutionnelle ; Cadre de concertation national ; sécurité ; rassemblement des Maliens et des forces politiques…
Après plus de deux heures d’horloge de tête-à-tête entre les deux parties, les Présidents des deux formations politiques ont livré à la Presse la substance de leurs échanges.
Premier à se livrer à cet exercice, le Président du RPM, Bocari TRETA, a situé l’initiative et l’objet de la rencontre de la rencontre : « nous avons rencontré le Président du Parti FARE, le Premier ministre Modibo SIDIBE, à notre demande. Le Parti, le Rassemblement pour le Mali a saisi son homologue le Parti FARE pour parler de la vie du pays, et surtout des réformes institutionnelles, plus précisément la révision constitutionnelle. Nous avons, au cours de notre rencontre, fait un large tour d’horizon. D’abord, les relations entre nos deux partis, le constat que nos deux partis ont eu très peu de relation ».
À en croire le Tisserand en chef, c’était l’occasion de faire un état des lieux, sans complaisance, des préoccupations communes partagées : « de notre analyse, chacun, de la vie du pays d’un certain nombre de dossiers brûlants, notamment la procédure de la révision constitutionnelle en cours dans notre pays, du Cadre de concertation mis en place par le ministère de l’Administration territoriale, la question sécuritaire dans notre pays et de la nécessité de mettre ensemble toutes les filles et tous les fils du pays, de rassembler toutes les forces politiques pour converger pour le portage politique des réformes institutionnelles, en vue de la construction ensemble de l’avenir de notre pays ».
Le Président du RPM, Bokari TRETA, au regard de la pertinence des sujets abordés et de la profondeur des analyses, est ressorti satisfait de la rencontre : « je note que notre rencontre a été très productive, a noté une très grande volonté de disponibilité, a aussi enregistré des divergences majeures, de mon point de vue. Mais avec la volonté manifeste exprimée de part et d’autre, nous avons convenu de nous retrouver pour une deuxième rencontre au cours de laquelle nous allons approfondir nos points de vue, peut-être, sur les questions qui nous séparent. Je suis convaincu, pour ce que j’ai entendu, qu’il y a plus de questions qui nous unissent que qui nous sépare. Mais quelques fois, comme on le dit, la forme est aussi importante que le fond. Nous travaillerons, comme je l’ai annoncé, avec beaucoup d’humilité et de responsabilité à partager nos points de vue avec nos camarades des FARE et à œuvrer pour qu’ensemble, FARE et RPM, on puisse avancer ensemble vers la voie de la construction du Mali nouveau ».
Le plaidoyer de TRETA
Animé du souci que l’œuvre de construction nationale est une œuvre collective, le Dr TRETA a faut une demande au Parti FARE : « nous avons demandé aux FARE que nonobstant l’existence de difficultés ressorties au cours de nos échanges qu’il participe aux travaux du Cadre que le Gouvernement a mis en place pour échanger avec les Partis politiques, la société civile, les Mouvements signataires pour exprimer ce qu’il pense. Nous avons vu qu’il y a eu des difficultés, parce que les mesures qui devaient être prises pour leur faciliter l’accès au Cadre de concertation national, ne l’ont pas été comme il se devait. Ce qui ne leur a pas plu. Nous savons que la méthode n’a pas été la mieux indiquée. Aussi, avons-nous pris l’engagement de saisir le Gouvernement pour revoir sa copie. D’autant plus que le Parti FARE a toute sa place au sein du Cadre de concertation. Donc, cette erreur doit être corrigée pour qu’appel soit lancé au FARE dès la prochaine réunion ».
Pour terminer, le Dr TRETA a exprimé sa reconnaissance à ses hôtes pour leur disponibilité et leur hospitalité : « je salue tous les militants du Parti FARE. Je salue particulièrement le Premier ministre pour son hospitalité, les propos constructeurs qui ont permis de comprendre beaucoup de choses en ce qui est de leur position. Nous avons promis de nous imprégner du document qu’ils viennent de nous remettre pour que très rapidement, nous puissions nous retrouver pour échanger. Nous ressortons très satisfaits de cette rencontre.
Par respect réciproque, nous souhaiterions qu’après avoir effectué ce déplacement, au siège du Parti FARE, que le Président SIDIBE se rende prochainement au siège du RPM au Quartier Hippodrome ».
Le langage de vérité
Intervenant à son tour, Modibo SIDIBE, Président des FARE An Ka Wuli, salué l’initiative du RPM, dont la démarche rentre dans l’ordre normal des choses : « je voudrais d’abord remercier le Président du Rassemblement Pour le Mali, le camarade TRETA pour avoir pris l’initiative de rencontrer un certain nombre de formations politiques pour qu’on puisse se parler sur les sujets brûlants du pays, échanger sur ce que doit être notre pays, ce que doit être la politique et sur ce que doit être le changement. Il est normal que dans de telles circonstances, on puisse avoir le langage de vérité. Comme il l’a dit, avec beaucoup d’humilité des deux côtés, nous avons échangé, nous parlé du Mali, des préoccupations du Mali et de la façon dont nous voyons les uns et les autres le Mali pourrait sortir de la situation grave dans laquelle il se trouve aujourd’hui ».
Des divergences de fond
Abondant dans le même sens que son prédécesseur, le Président SIDIBE reconnaît l’existence de divergences entre son Parti et le RPM : « c’est vrai que nous avons des divergences sur la grande réforme, la façon dont elle est conduite, sur la question fondamentale de repositionner le peuple malien au cœur du dialogue national refondateur pour qu’on puisse avoir des institutions qui sont à nous. Comment aller dans ce cheminement-là ? Évidemment, nous avons discuté, nous avons échangé. Nous avons compris quelles étaient leurs démarches, ils ont compris également notre démarche et ces divergences-là sont normales entre des Partis qui ont des positions différentes sur des questions.
Comme il l’a dit, nous avons des divergences de fond sur les grandes questions réformatrices. Nous avons souhaité que ces grandes réformes soient engagées depuis des années ; elles ne l’ont pas été et la façon dont elles sont entamées, nous souhaiterions qu’elles empruntent la voie d’un véritable dialogue national qui doit permettre aux Maliens de se réapproprier leur schéma institutionnel, de se réapproprier l’État qui doit, des problèmes, devenir la solution, et de faire en sorte qu’il y ait un renouveau de la démocratie, un renouveau citoyen. Donc, le Cadre de concertation ne nous semble pas correspondre à une telle démarche. Mais, comme il l’a dit, cela n’empêche qu’à un moment donné, nous puissions venir dire au Cadre de concertation comment nous voyons les choses pour que notre préoccupation soit connue du Cadre de concertation, de toutes les parties prenantes, des réformes qui doivent être conduites au Mali. Le Mali a besoin de réformes structurelles pour sa sortie de crise et pour sa stabilité. Nous ne pouvons pas faire l’économie de ces réformes. Notre position, c’est de dire, ce n’est pas une fuite en avant, ce n’est pas une course contre la montre. Réparer un pays, reconstruire, demande du temps et aucun temps n’est perdu et je crois que c’est ça que nous allons faire maintenant : travailler, créer les convergences qu’il faut pour cette reconstruction du pays ».
Une volonté commune
Nonobstant les divergences, il y a une volonté commune exprimée par l’ancien Premier ministre : « mais, comme il l’a dit, le socle, c’est le Mali, nous avons la volonté de travailler à ce que notre pays sorte de cette situation et nous sommes tout à fait disposés à poursuivre ce dialogue et après l’échange de documents, à leur siège, pour continuer à voir comment nous pouvons mieux comprendre les divergences, comment nous pouvons mieux faire à ce que les convergences puissent faire de notre pays un pays redressé, un pays qui engage une véritable stabilité, parce qu’on a besoin de stabilité, pas seulement pour le Mali, pour le peuple malien qui doit sortir des inquiétudes, des incertitudes, on a besoin aussi que le Mali soit véritablement un verrou pour le Sahel. Ce travail, nous allons continuer à le faire ».
Dialogue la version FARE
Selon le Président Modibo SIDIBE : « la démarche des FARE est très claire, on l’a dit. Tout ce qui est réforme saucissonnée, technique, sans lien, en cohérence avec des idées, des visions réformatrices, ne nous semble pas être la bonne voie.
Par conséquent, à l’URD aussi, nous avons fait prévaloir cette nécessité d’avoir un dialogue national refondateur. Ils sont dans le sillage d’un dialogue politique ; mais ce dialogue politique n’est pas le même que le dialogue national, parce qu’il est beaucoup plus réducteur que le dialogue national qui embrasse l’ensemble des Maliennes et des Maliens où ils sont et dans la durée. Donc, c’est pour ça que nous allons continuer à rencontrer d’autres formations politiques pour discuter et échanger. Nous l’avons toujours dit au moment de la création des FARE que le débat public doit être au cœur de la démocratie. Nous en avons besoin ».
Pour terminer, M. SIDIBE a salué ses camarades du RPM sur la franchise, parce que « quand on veut travailler pour le Mali, il faut se parler franc ».
PAR BERTIN DAKOUO
Info-matin