l était un jeune homme qui avait connu un début de carrière fulgurant. Puis son destin a brutalement bifurqué
Qu’est-ce qui fait basculer une vie ? La question se pose inévitablement lorsque des destins, dont la progression semblait toute tracée, voient tout d’un coup leur trajectoire rectiligne se briser. Cela sans que personne ne puisse vraiment expliquer ni comment, ni pourquoi les choses ont si brutalement et si mal tourné. En creusant bien, on trouve assez souvent à l’origine du malheur une circonstance banale au premier regard, mais qui au fil du temps a pris une dramatique importance et a déclenché une dégringolade irréversible. Combien d’existences se sont retrouvées gâchées parce que personne n’a fait attention aux signaux d’alerte qui annonçaient l’arrivée d’une catastrophe imminente ?
Lorsque cette catastrophe survient, la conséquence est terrible et inévitable. Car dans la vraie vie, les choses ne se passent pas comme dans les feuilletons télévisés. Il n’y a pas de sauvetage miraculeux, pas de rédemption rapide. Dès qu’un homme ou une femme voit son existence abîmée, la convalescence est lente et douloureuse. Et il arrive fréquemment que la victime ne s’en sorte pas. Voilà la fin malheureuse qui guette K., le principal personnage de notre histoire d’aujourd’hui. Un homme à qui tout souriait, il y a quelques années. Un homme à qui la chance a peut-être définitivement tourné le dos maintenant.
Comme nous le disions, K. a eu un début d’existence qui semblait le destiner sinon à un destin enviable, au moins à une position sociale confortable et paisible. Au milieu des années 1980, K. quittait son Kayes natal pour poursuivre ses études secondaires, puis supérieures dans la capitale. Le parcours scolaire du garçon que ses coreligionnaires de l’époque décrivaient comme quelqu’un de taciturne fut jalonné de succès.
Au terme d’un cycle secondaire dans un lycée de la place, K. obtint son bac avec mention. Orienté dans une des écoles supérieures de l’époque, il poursuivit avec une insolente facilité son parcours triomphal. La même réussite caractérisa son entrée dans la vie active. A peine quelques mois après la fin de ses études, il fut recruté par une institution de micro finance de la capitale. Il travailla pour le compte de celle-ci à Bamako pendant presque deux ans. Durant cette période, il se fit remarquer autant par les excellentes relations qu’il entretenait avec ses collègues que par son sérieux dans l’exécution de ses tâches.
COMME UN TROU. A la suite d’une réorganisation de la structure employeuse, K. se vit offrir la direction d’une représentation locale située dans une des régions du Nord du pays. La « success story » se poursuivit dans cette nouvelle affectation. Usagers comme collègues se répandaient en louanges sur la sociabilité du jeune directeur. Pourtant les nuages commençaient à s’amonceler au-dessus de la tête de ce dernier. Sa perte vint d’une facette de sa nouvelle vie. En tant que directeur d’une structure locale, K. par la force des choses se retrouvait dans le cercle étroit des notables de la ville. Il fréquentait donc les gens de sa génération qui disposaient d’un solide statut social et d’une certaine aisance financ
source : L Essor