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Faits divers : LE RANCONNEUR RATE SON COUP DE BLUFF

faits   incroyable  logo faits diversT. croyait que son uniforme lui permettrait d’impressionner son interlocutrice. Erreur fatale

Les nouveaux responsables de la sécurité de notre pays énoncent tous deux vérités essentielles. Primo, sans le concours actif et entier de la population, l’exécution de leurs missions sera beaucoup plus difficile, car ils seront privés des possibilités de renseignement que seule peut leur apporter la vigilance déployée par les citoyens. Secundo, pour obtenir une vraie collaboration de la part du Malien lambda, il faudra réhabiliter la crédibilité des porteurs d’uniforme auprès de celui-ci. Ce qui signifie une sévérité sans faille à l’égard de toutes les pratiques qui relèvent de l’arbitraire et du rançonnement. Or ces pratiques ont la vie dure et les extirper prendra certainement du temps. Cela s’est confirmé voilà un peu plus d’une semaine quand les policiers du 7e Arrondissement ont traité une affaire peu honorable concernant un élève gendarme.
Pour avoir la confirmation de ce qui était au tout début considéré comme une rumeur tenace, nous avons approché nos contacts au niveau de la police qui nous ont indiqué que le dossier avait été bouclé avec diligence et que le coupable avait été remis à la disposition de sa hiérarchie la nuit même où il avait été interpelé et quelques heures après les faits au cœur desquels il s’était trouvé.
Les interlocuteurs que nous nous avons rencontré avaient leur mine des mauvais jours pendant qu’ils nous restituaient le fil des événements. Leur agacement (pour ne pas dire plus) était facilement compréhensible. « Dans tous les corps socio-professionnels du monde, faisait remarquer l’un d’entre eux, on rencontre malheureusement des mauvaises graines. De par les actes que ces gens-là posent, ils jettent l’opprobre sur l’ensemble de leurs collègues ». Mais revenons aux aux faits qui se sont passés dans un bar-resto appartenant à un ressortissant chinois en Commune VI, sur la rive droite de la capitale.
Comme tout bon Bamakois le sait, les changements emmenés dans notre mode de vie par l’extension de la capitale ont amené l’explosion de petits et moyens établissements spécialisés dans la restauration et dans le divertissement ou encore qui cumulent ces deux fonctions. Ces dernières années, se sont multipliés bar-restos, cabarets, auberges, kiosques à café. Au début tenu par les nationaux, le secteur est aujourd’hui investi par un nombre grandissant de ressortissants d’autres pays africains, mais aussi de promoteurs venus d’Asie. La proliférations de ces micros, petits et moyens établissements impose aux forces de sécurité un effort accru pour s’assurer que sont respectés des normes élémentaires en termes de sécurité et de respect de la moralité.
C’est ainsi que les policiers de la brigade des mœurs effectuent très fréquemment des descentes nocturnes inopinées. En agissant en tant que « gardiens » de nos mœurs, les forces de sécurité ont comme parmi leurs objectifs prioritaires celui de protéger les mineurs contre les nombreux abus, notamment sexuels, dont cette population fragile est susceptible d’être victime dans les établissements de loisirs. C’était cette préoccupation qui se trouvait au centre de l’inspection à laquelle ont procédé les policiers de la brigade des mœurs dans l’enceinte du bar-resto évoqué plus haut. Nos sources nous ont confirmé que leurs collègues étaient bien en mission officielle comme ils en ont d’ailleurs l’habitude et qu’ils étaient arrivés dans l’établissement à une heure peu avancée de la nuit.
A LA CONSTERNATION GENERALE. Dans la plus grande courtoisie, et en bénéficiant de la totale collaboration des propriétaires des lieux, ils se mirent au travail. Leur inspection fut assez longue et extrêmement minutieuse. Nulle part, ils ne relevèrent d’indices leur permettant de supposer une quelconque exploitation de mineurs par les tenanciers. Ni dans la tenue même du bar resto, ni dans les activités que l’établissement hébergeait. Les policiers pouvaient se montrer légitimement satisfaits du résultat de leur déplacement. Tout d’abord, parce que – et on l’a dit plus haut -, les tenanciers du bar resto n’avaient pas tenté de leur mettre les bâtons dans les roues, comme cela arrive trop souvent avec les propriétaires peu scrupuleux. Ensuite, parce que l’établissement avait pris bonne note des avis qui avaient été précédemment formulés et était donc tenu dans les règles de l’art. La preuve, à certains emplacements bien choisis et placardés de manière à ne pouvoir être ignorés de personne, se trouvait l’avis suivant rédigé en grosses lettres « Interdit au moins de dix huit ans ».
L’équipe d’inspection se retira sous le regard légèrement inquiet des clients. Mais ces derniers se rassurèrent vite lorsque circula nouvelle selon laquelle tout s’était bien passé. Le bar-resto en question et ses clients pouvaient en principe se réjouir de laisser s’écouler le reste de la nuit dans une ambiance calme et bon enfant. Mais malheureusement, cela ne fut pas le cas. Le trouble surgit alors que nul ne l’attendait et il fut provoqué à la consternation générale du fait d’un élève gendarme que nous désignerons par l’initiale T.
Quelques minutes seulement après le départ des agents de la brigade des mœurs, T. fit son entrée dans l’établissement. Avait-il assisté du dehors à l’inspection menée pat les policiers et celle-ci lui avait-elle inspiré la manœuvre qu’il mettra en œuvre ? Nous ne saurions le dire. Mais une chose est certaine, et nos sources son unanimes sur ce point. Le jeune gendarme n’était pas un étranger des lieux où il allait semer la pagaille. Bien au contraire, selon des témoignages précis, il fréquentait de manière assez assidue l’établissement et était même bien connu de nombreux clients.
Cette nuit là donc, T. était vêtu de son uniforme. Il entra d’un pas martial et se dirigea droit vers une des clientes de l’établissement, une dénommée R. Tous savaient que la jeune femme exerçait le plus vieux métier du monde et que le bar-resto lui servait de quartier général. En tant que familier des lieux, T. ne l’ignorait pas non plus. Il se figea dans une attitude raide et s’adressa à son interlocutrice sur un ton délibérément sévère avec la volonté évidente de l’intimider. Mais le jeune homme avait mal pris la température des lieux. R. et les autres clients avaient été rassurés par l’inspection de la brigade des mœurs et étaient persuadés de n’avoir rien à se reprocher. Ensuite la prostituée, tout comme nombre de consommateurs, connaissaient T. comme un client assidu de l’établissement et ne voyait de quelle autorité il pouvait se prévaloir pour venir interpeler qui que ce soit.

DEUX MAUVAISES SOLUTIONS. T. était donc très mal parti dans son entreprise d’intimidation. Plus il durcissait le ton de son discours, moins la fille de joie n’accordait d’importance à ses propos. D’emblée, R. avait trouvé bizarre la manœuvre de T., mais elle avait laissé parler ce dernier pour percer ses vraies intentions. Elle était rapidement à la conclusion que l‘élève gendarme s’était enfermé dans un bluff qu’il ne pouvait tenir. Malheureusement pour lui, T. ne se rendait pas compte que son interlocutrice le regardait maintenant avec mépris et agacement.
R. n’avait désormais qu’une seule hâte, interrompre au plus tôt la comédie que jouait T. Elle considérait en effet que l’imposteur lui faisait perdre son temps. Elle adressa donc un petit signe discret à certaines de ses « collègues » du soir. Celles-ci se mirent en alerte, ayant compris elles aussi que l’élève gendarme allait tenter de les rançonner. Le petit groupe de prostituées attendait juste pour se mettre en action que R. leur indique la tactique à adopter.
Ce signal ne tarda pas. Sans crier gare, R. péta les plombs, comme on le dit. Se redressant de toute sa taille, après avoir violemment repoussé sa chaise, elle fit clairement savoir à T. qu’elle et toutes ses collègues connaissaient les règlements régissant le fonctionnement des bar-restos de Bamako et qu’elles étaient toutes en règle. « Pas question pour nous de te payer le moindre sou pour quelque raison que ce soit », vociféra-t-elle à la face de son interlocuteur.
T. se rendit compte qu’il était piégé. Il avait le choix entre deux mauvaises solutions : procéder à une honteuse retraite ou persister dans sa tentative d’intimidation. Mais avant même qu’il ait pu prendre une décision, il se trouva encerclé par un groupe formé par les autres prostituées et par certains consommateurs. Le bouche à oreille fonctionnant à plein régime, l’attroupement autour des protagonistes grossissait de minute en minute. La rumeur de ce qui se passait finit par rattraper les policiers de la brigade des mœurs qui venaient d’effectuer leur contrôle officiel. Les agents feront demi-tour et arrivés sur place reconstituèrent assez facilement ce qui venait de se produire.
Ils comprirent que leur collègue en uniforme s’était lancé dans une très imprudente tentative de rançonnement et qu’il avait piteusement échoué. Ils saisirent donc leurs collègues du 7e Arrondissement dont le bar-resto relève au plan sécuritaire. Très vite, le jeune homme a été mis à la disposition du commissaire principal, Isaack Théra. Après avoir vérifié la véracité des faits, l’officier de police pris toutes les dispositions pour envoyer le fautif à sa hiérarchie la même nuit, après un bref compte-rendu téléphonique de la situation.
Pris en flagrant délit, T. n’était pas en possibilité de nier quoi que ce soit au risque de compliquer davantage un cas déjà très grave. D’après nos sources, le jeune homme. est dans l’attente de la décision que prendra sa hiérarchie pour sanctionner sa conduite. Une fois de plus, cette affaire met sur le tapis la lancinante question des vérifications de moralité avant tout recrutement de nos porteurs d’uniforme. A défaut de pouvoir mettre des filtres en amont, il faudrait se montrer d’une sévérité absolue lorsque des cas comme celui-ci surviennent. Sinon le citoyen lambda aura l’impression que les choses ont changé pour rester les mêmes.
MH.TRAORE

Source : Essor

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