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Faits divers : B. S’EN TIRE À TRES BON COMPTE

faits divers incroyable kabako logo Enfant choyé, B. ne se voyait plus opposé aucun interdit. Ce laxisme des siens a failli lui couter très cher 

Dans des temps qui s’éloignent de plus en plus, les choses étaient mieux balisées. L’éducation d’un enfant n’était pas l’affaire de ses seuls parents, elle concernait toute la communauté. Le maximum était donc fait pour que la jeune génération ne s’écarte pas de certaines valeurs. Aujourd’hui, l’encadrement collectif a pratiquement disparu et les parents se retrouvent seuls responsables de la formation du caractère et des convictions de leurs enfants. La conséquence en est que certains phénomènes critiquables ont pu se développer. Et parmi ceux-ci, le traitement privilégié dont bénéficient généralement les lakaré, c’est-à-dire les benjamins des enfants.

Dans de nombreuses familles, le dernier né se voit très tôt accorder une  attention particulière et celle-ci ira en se renforçant au fur et à mesure qu’il avancera en âge. Même dans les foyers aux revenus modestes, rien n’est trop beau pour le lakaré. Celui-ci vit donc dans une espèce de cocon protecteur qu’il ne songe jamais à le quitter de lui-même. Pourquoi le ferait-il d’ailleurs puisqu’il se trouve à l’abri de tout, même des reproches ou des regards désapprobateurs de ses aînés ? Au mieux, le lakaré accepte de se confronter à la vraie vie lorsqu’il entame ses études. Au pire, il restera un assisté jusqu’à la disparition de ses protecteurs.

Les parents qui traitent de manière excessivement protectrice leurs enfants ne veulent jamais admettre que la situation qu’ils créent ainsi leur vaudra tôt ou tard un retour de bâton. Un adage affirme en effet qu’il vaut faire pleurer son enfant avant que celui-ci ne vous amène aux larmes. Nombreux sont ceux de ces enfants gâtés qui finissent par mettre leurs géniteurs dans des situations délicates à cause de leurs comportements et de l’éducation laxiste dont ils ont profité depuis leur jeune âge. L’histoire de B., que nous vous proposons, est édifiante, mais malheureusement de plus en plus courante.

Les faits. B. est tout à la fois le dernier garçon et le dernier né d’une famille relativement peu nombreuse. Le père de famille, cadre dans une institution bancaire internationale, a passé plus de la moitié de sa carrière hors du pays. Son dernier enfant est d’ailleurs venu au monde en son absence et ce fut la mère qui organisa l’environnement du petit. Ce dernier, dés qu’il en eut l’âge, fut inscrit dans une garderie d’enfant, faveur que n’avaient pas connu tous ses devanciers. Puis il fut placé dans un des établissements préscolaires les plus cotés de la rive droite de Bamako. Sa mère ne cessait de répéter que correctement pris en main, son « petit » serait inévitablement le plus brillant de ses enfants.

PAS DE ZELE PARTICULIER. Ce calcul s’avéra fondé jusqu’à que B. atteigne ses dix ans. A partir de cet âge, sans que l’on puisse expliquer pourquoi, les choses se dégradèrent brutalement. A l’école, le garçon glissa en un temps record vers le groupe des élèves médiocres. Dans un premier temps, les dégâts furent limités par deux grands frères de B. Ces derniers avaient compris que le « petit » avait perdu tout goût pour l’effort et, malgré les protestations de la mère qui les trouvaient excessivement sévères, ils évitèrent à leur cadet une sortie de route encore plus désastreuse.

Malheureusement les deux surveillants quittèrent la famille, l’un après l’autre. Le plus âgé fut engagé par une société d’extraction d’or dans la région de Kayes. Quant au second, il se trouva embauché par un projet qui l’obligea à s’installer dans à Sikasso. B. se retrouvait donc libéré de toute tutelle. A son statut de lagaré s’ajouta le fait qu’il était désormais le seul garçon à être resté à la maison, auprès de ses parents et de ses sœurs.  Il avait alors un peu plus de quatorze ans. Sa mère lui rendit la totale liberté dont il bénéficiait avant sa mise sous tutelle et son père, présent par intermittence, ne se rendait pas compte que son fils glissait sur une pente dangereuse.

La vie du petit commençait en effet à basculer sans que personne ne prenne. Encouragé par le laisser-faire de ses proches, B. commença par faire l’école buissonnière, puis enchaîna avec les absences sans explications et les retours tardifs à la maison. Sa mère lui faisait certes des réprimandes, mais sans se départir d’un ton affectueux et sans lui faire de mises en garde nettes. Le père du garçon (aujourd’hui à la retraite) avait, lui, cessé avec ses incessants va-et-vient entre le Mali et le pays de la sous-région où il servait. Mais apparemment, il ne mettait pas un zèle particulier à suivre l’éducation du petit. Et pour cause.

Des témoins ont évoqué l’apparition d’une tension quasi permanente entre les géniteurs de B. qui ne passaient pas de jour sans s’accrocher violemment. La raison, ont supposé nos informateurs, en était simple : le père avait pris une femme en secondes noces. Et, conséquence attendue, il passait beaucoup plus de temps avec la nouvelle venue. Le couple vivait d’ailleurs dans une villa que le père avait acquise dans un des quartiers de logements sociaux.  B. se trouvait donc avec le champ entièrement libre. C’est ainsi qu’il intégra un petit groupe de garçons des parages de son quartier. Exclus de l’école pour la plupart, ces gosses avaient d’abord tenté de former un groupe de rap, puis avaient reculé devant les efforts que cela réclamait.

A partir de ces projets musicaux sans suite, B. était, comme on le dit, sorti des radars de ses parents et il se consacrait à des activités parfaitement opaques dans un terrain d’opérations compris entre la gare routière de Sogoniko et le monument de la tour de l’Afrique. Il y a quelques semaines de cela, les patrouilleurs du 7eArrondissement sont tombés sur un groupe de jeunes désœuvrés à cet endroit. Il était environ deux heures du matin. Le groupe venait de déposséder une dame de son sac à main. La jeune femme, D. avait perdu dans l’agression son téléphone portable et une somme  estimée à plus de 20.000 FCFA. Juste après s’être fait dépouillée, D. était tombée par le plus heureux des hasards sur la patrouille de police. Les patrouilleurs s’étaient mis à la recherche des petits malfrats qu’ils savaient pouvoir trouver dans les alentours de la gare routière de Sogoniko, leur lieu de ralliement traditionnel.

Un plaidoyer laborieux. Les policiers sont parvenus à mettre la main sur un seul élément du groupe. Interrogé au commissariat, ce dernier avait dénoncé B. comme étant l’instigateur du coup. Heureusement pour l’adolescent cette nuit là, il faisait partie de ceux qui avaient pu s’échapper lorsqu’ils ont compris que les limiers étaient sur leurs trousses. Depuis ce jour, le garçon était dans le viseur de la police. Il a franchi un palier supplémentaire dans ses actions peu recommandables voilà une dizaine de jours. B. a tenté de faire main basse sur le sac d’une autre jeune femme en plein jour, dans une des rues de Banankabougou.

L’épisode s’est situé dans les environs de 17 heures. Un groupe de femmes venait de quitter le domicile d’une des membres de la tontine pour laquelle elles se réunissaient une fois par semaine. Tout porte à croire que le garçon connaissait leurs habitudes et qu’il avait choisi son mode d’opération en fonction des observations qu’il avait faites. B. s’était posté à un bout de carré et il laissait venir à lui le groupe de « tontinières » qui se dirigeait vers la route principale pour emprunter une Sotrama. Le plan du garçon était des plus simples et misait sur l’effet de surprise. Lorsque ses victimes se trouvèrent non loin de lui, B. abandonna son poste de guet pour s’avancer droit vers les dames. Ces dernières réagirent exactement comme il l’escomptait.

En voyant marcher sur cet adolescent au visage fermé, les tontinières jugèrent plus prudent de ne pas chercher l’affrontement avec lui et le groupe se fractionna pour laisser un passage à l’effronté. B. sans ralentir son allure saisit le sac d’une des dames en même temps qu’il accélérait le pas. Il tira à lui l’accessoire avec une telle violence que la dame en perdit l’équilibre. Heureusement l’une de ses amies la rattrapa par le bras avant que la malheureuse ne s’étale de tout son long.

B. avait profité de l’émotion suscitée par son attaque éclair pour prendre rapidement le large. Il avait creusé un écart  qu’il pensait décisif avec ses victimes qui s’égosillaient derrière. Mais il ne s’attendait certainement pas que les cris des dames attirent l’attention de tant de passants. Ces derniers se lancèrent à sa poursuite. Sans cesser de courir, B avait enfoui sa main dans le sac pour y récupérer tous les billets de banque qui s’y trouvaient ainsi qu’un téléphone portable. Malheureusement pour lui, il n’ira pas loin. Pendant qu’un groupe de jeunes le pourchassait, un autre groupe, alerté par les appels des poursuivants, coupa la route du fuyard. Tous les chemins de B. étaient donc pris. Les justiciers en herbe se montrèrent impitoyables avec lui. Avant que le groupe des dames n’arrive sur les lieux et ne se voie remettre le sac volé ainsi que l’argent et le téléphone, le garçon avait reçu, en dépit de ses supplications, une sévère correction.

Heureusement pour B, il n’a pas été conduit au commissariat comme certains poursuivants l’avaient suggéré. La providence l’adolescent prit le visage d’une dame qui se trouvait dans le groupe des tontinières et qui était une connaissance de longue date de sa mère. Cette brave femme convainquit ses compagnes de se montrer clémentes envers son « neveu ». Puis toutes ensemble elles s’employèrent à faire accepter la solution de l’indulgence au groupe de jeunes qui avait mis la main sur le délinquant. Le plaidoyer  fut des plus laborieux. Plusieurs justiciers ne voulaient pas laisser repartir B. et parlaient de courir avertir les policiers.

La tante mit plusieurs minutes à calmer la colère des jeunes qui ne voulaient pas d’une solution qui, selon eux, consacrerait l’impunité et serait une prime à la délinquance. Finalement un accord se dégagea laborieusement pour laisser partir B. Celui-ci s’en est allé clopin-clopant, avec les habits couverts de poussière et le visage zébré d’égratignures. Des indices qui témoignaient qu’il avait échappé belle. Mais alors que Lakaré s’éloignait aussi vite que son état le lui permettait, de nombreux regards dépités le suivaient. Ceux de certaines tontinières qui trouvaient qu’il s’en tirait à trop bon compte. Et ceux d’une bonne partie des poursuivants qui regrettaient de n’être pas allés plus loin dans la leçon infligée au voleur.

MH.TRAORE  

source : L’ Essor

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