» La crédibilité des prochaines élections passe par une démarche inclusive des pouvoirs publics « . Cette déclaration de l’ancien Premier ministre du RoyaumeUni, Tony Blair, au cours de sa visite de 24 heures à Bamako, au titre de l’institut qui porte son nom, est déjà une contribution de taille à l’accompagnement du processus de la Transition, pour lequel il est sollicité. Cet accompagnement étant requis sur deux volets : les réformes politiques et institutionnelles devant doter le Mali d’une architecture mieux adaptée et l’organisation des élections générales, dont la plus importante pour les Maliens est la présidentielle, annoncée pour le 22 mars 2022.
En effet, le déficit d’inclusivité est la pire menace qui pèse sur le processus de Transition. Au mépris des principes » d’inclusion, de dialogue et de consensus » inscrits à l’article premier de la Charte issue des concertations nationales de septembre 2020, il a caractérisé la mise en place des organes exécutif et législatif de la Transition. Au point que la majeure partie de la classe politique et de la société civile, qui continue à se réclamer du M5-RFP, en dépit des convulsions voire des retraits survenus dans ses rangs, a pris ses distances vis-à-vis de ces organes. Allant jusqu’à brandir le spectre de » la désobéissance civile » qui fut fatale au président IBK.
Il aura fallu la création récente, sous l’égide du Premier ministre Moctar Ouane, d’un Comité d’orientation stratégique sur les réformes politiques et institutionnelles, pour qu’un frémissement de dialogue apparaisse entre les tenants du pouvoir et les acteurs politiques et sociaux. Le statut consultatif qui lui est conféré laisse toutefois penser que le fin mot de la fin en matière de propositions de réformes appartiendra au CNT, décrié à la fois pour son » illégitimité « , sa » non-inclusivité » et sa » militarisation à outrance « .
La voix de Tony Blair compte dans le monde. L’Institut dont il est promoteur- Tony Blair Institute for Global Change- intervient dans des secteurs stratégiques de nombreux pays africains et ailleurs sur la planète. Son invite à » une démarche inclusive « , venant s’ajouter à celles de la CEDEAO, de l’UA, de l’ONU et de partenaires bilatéraux importants du Mali, devrait inciter les autorités de la Transition à faire bouger les lignes. Cela en revisitant les formats du gouvernement et du CNT pour faire de la place aux représentants des forces vives du pays afin que les propositions pertinentes formulées dans un espace sans restriction ni bride puissent donner lieu à des réformes consensuelles. Et ouvrir la voie à des élections apaisées et dont les résultats seront acceptés par tous.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant