Promouvoir la femme et la beauté africaine et sauvegarder les attributs naturels de cette beauté, c’est l’objectif de Natur’Art, un projet de sensibilisation pour convaincre les femmes de renoncer à se dépigmenter la peau et à se défriser les cheveux.
Un projet ambitieux et « un sujet sensible », reconnaît Awa Bagayoko, artiste comédienne et porteuse du projet. C’est pourquoi elle a choisi de cibler prioritairement la jeune fille, souvent influencée par des stéréotypes de beauté qui font de la femme « de teint clair » l’idéal. Il faut donc bannir de l’esprit des jeunes filles, qui ignorent souvent les dangers qu’elles courent, cette « idéologie », car « la beauté est plurielle, mais naturelle », ajoute Awa Bagayoko. S’il était marginal il y a quelques décennies, le phénomène de la dépigmentation a pris tellement d’ampleur dans notre société qu’il n’épargne plus aucune couche sociale. Intellectuelle ou non instruite, environ une femme sur quatre, soit 25% de la population féminine, s’adonne à cette pratique. Une habitude dangereuse, qui porte atteinte au pouvoir économique et à la santé des femmes. Elles sont par ailleurs concernées par plusieurs types de cancers, dont certains favorisés par la dépigmentation.
Responsabilités partagées ?
Souvent accusés d’avoir un regard plus admiratif pour les femmes de teint clair, les hommes sont-ils responsables de cette tendance fâcheuse ? « Il y a ce fardeau qui fait que les femmes sont influencées. Mais généralement les hommes disent on aime les femmes claires mais pas dépigmentées », justifie Lévi Togo, Président de l’association Anw Ka blon et initiateur du projet. C’est aux femmes de comprendre qu’il faut s’assumer et s’accepter, poursuit-il. « Même si les conséquences sont nombreuses et peuvent toucher les hommes, ce sont les femmes les premières concernées ». Le phénomène est complexe, parce que ce sont souvent des « femmes claires » qui sont attirées par la dépigmentation. Un paradoxe qui pourrait s’expliquer par le fait qu’elles ne « mesurent pas les dangers », estime Samba Diakité, administrateur du projet, mais aussi par l’influence négative qu’exercent les femmes entre elles, selon lui.
Malgré l’ampleur du phénomène, il est encore temps d’attirer l’attention des jeunes générations, grâce à des messages de sensibilisation véhiculés à travers l’art. Photographies, peintures, sketches, panels de discussions, caravane et concert, Natur’Art se déroulera du 26 au 27 mars 2021 au Mémorial Modibo Keïta et fera appel à des personnalités, spécialistes de la santé et personnes ressources du monde de la culture.
Fatoumata Maguiraga
Source : Journal du Mali