Jean Mari Coulibaly a 50 ans. Il est prédicateur géomancien, domicilié à Fadiambougou, village situé à 60 km de la capitale, Commune rurale de Djibakouma, sous-préfecture de Neguela dans le cercle de Kati. Malgré ce prénom qui laisse présager de sa religion, il a célébré « Achoura », le nouvel an musulman dans la nuit du vendredi 23 octobre dernier. En quoi faisant ? En livrant le message du nouvel an et les sacrifices à ses disciples venus du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie, à la lecture des signes de la géomancie, une science qui fait recours au savoir occulte. N’est-ce pas là une rencontre de trois différentes religions ?
Jean Mari Coulibaly célèbre chaque année, la fête d’achoura à Fadiambougou, son village. L’évènement draine habituellement des foules venues des villages voisins comme Niokono, Faladjè, Bassabougou, Djibroula, Damba etc, mais aussi du Sénégal et de la Mauritanie. C’est pour le moins inédit car, Jean Mari est généralement un prénom chrétien.
Or, « Achoura » c’est le nouvel an musulman. Comme pour donner un exemple de dialogue des religions au reste du monde, Jean Mari Coulibaly, prédicateur et géomancien annonce les nouvelles de l’année ainsi que les sacrifices y afférents à la lumière de l’interprétation des signes de la géomancie à un auditoire issu de toutes les religions.
L’édition de cette année a encore mobilisé. Avant son arrivée vers 5H30mm pour livrer son message du nouvel an, nous avons interrogé certains fidèles inconditionnels. Bakary Traoré de Bassabougou est persuadé que c’est grâce au pouvoir occulte de Jean Mari, qu’il a retrouvé trois jours après leur vol, deux de ses bœufs de labour. Nagnouma Konaré de Torodo lui rend hommage pour l’avoir aidée à retrouver à Faladjè, ses deux chèvres volées et à interpeller le voleur. Zan Coulibaly de Djibroula croit savoir que depuis que Jean Mari lui a remis un talisman qu’il a enfoui dans son enclos à bétail, aucun de ses animaux n’a plus été volé.
Jean Mari a été accueilli en grandes pompes à son apparition par des chants religieux musulmans et les louanges des griots. Il a remercié les nombreux fidèles qui ont massivement fait le déplacement. Prenant la parole devant un auditoire calme comme dans une cathédrale, le prédicateur a annoncé que la nouvelle année qui a commencé à partir de vendredi 23 octobre, sera opulente pour le Mali car, il y aura encore plus de pluies que cette année.
Pour surmonter les crises qui pourraient se produire, il conseille aux plus hautes autorités de sacrifier deux bœufs blancs. Evoquant la crise du nord, actualité oblige, le géomancien de Fadiambougou recommande aux gouvernants de sacrifier deux taureaux « Sankaba Tura » pour enterrer à jamais cette crise à répétition.
Aux hommes et femmes de médias, Jean Mari les conseille de se laver avec une décoction de feuilles de « Diala », « Zerenidje » et « Sounsoun » pour se protéger des dangers éventuels de leur métier. Pour clore la fête, il a fait des bénédictions pour ses fidèles qui ont fait le déplacement et pour le Mali. Dieu exauce ses prières. Amen !