Un responsable onusien a jugé jeudi que Facebook ne faisait pas assez pour aider à lutter contre le trafic d’êtres humains sur internet, en appelant le puissant réseau social à davantage contrôler ses services ainsi que ceux de sa filiale WhatsApp.
Selon Leonard Doyle, directeur de la communication de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), un organisme des Nations unies, les passeurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont fait de Facebook et de WhatsApp leur moyen de prédilection pour se faire connaître et conclure des marchés avec des aspirants à l’émigration.
Or beaucoup d’entre eux prennent en otage et torturent des migrants puis demandent une rançon à leur famille, a-t-il dénoncé. Ils utilisent les réseaux sociaux pour envoyer des photos et des vidéos aux familles pour leur extorquer de l’argent.
Les grandes sociétés technologiques “ont amplifié l’accès aux passeurs”, a-t-il affirmé, estimant qu’elles n’étaient “pas à la hauteur de leurs énormes responsabilités”.
Les passeurs utilisent toutes sortes de réseaux sociaux et de messageries pour communiquer mais les pages et les groupes privés sur Facebook, ainsi que l’application vidéo Facebook Live et la messagerie WhatsApp, sont de loin les plus populaires, selon des experts.
Tout comme il bloque désormais les pages de groupes jihadistes comme l’Etat islamique (EI), Facebook devrait étroitement suivre les passeurs et leur appliquer les mêmes mesures, a dit M. Doyle dans une discussion sur internet organisée par le projet Refugees Deeply.
Facebook pourrait avertir les passeurs que ce qu’ils font est illégal, comme c’est déjà le cas sur les réseaux sociaux avec les personnes recherchant de la pornographie infantile, a-t-il insisté.
Le réseau aux plus de deux milliards d’utilisateurs doit en particulier aider à faire cesser les extorsions de fonds visant principalement des personnes originaires d’Afrique de l’Ouest.
“Nous ne pouvons continuer à laisser les gens se faire torturer”, a dit M. Doyle, affirmant que Facebook avait largement ignoré ses propositions.
“Ils disent que c’est difficile mais ils ne font pas vraiment d’effort”, a-t-il dit. “La motivation des grandes sociétés technologiques, c’est d’avoir des clients (…). Il y a une espèce de course pour dominer le marché dans les pays en développement”.
Le figaro