Le gouvernement tchadien a dénoncé ce vendredi dans un communiqué le traitement discriminatoire réservé à ses troupes au Mali, accusant la mission de l’ONU de les utiliser comme “bouclier”, après la mort de cinq soldats dans le Nord du pays hier jeudi 18 septembre 2014. Ce qui fait en tout dix soldats tchadiens tués au Mali en un mois.
“Le gouvernement tchadien constate avec regret que son contingent continue à garder ses positions au Nord Mali et ne bénéficie d’aucune relève. Pire, notre contingent éprouve des difficultés énormes pour assurer sa logistique, sa mobilité et son alimentation”, affirme le communiqué.
Le contingent tchadien est “utilisé comme bouclier aux autres forces de la Misnusma, positionnées plus en retrait”, accuse le gouvernement. “Face à cette situation de précarité et de discrimination (…) le gouvernement interpelle les responsables de la Minusma (Mission de l’ONU au Mali) et les invite à un traitement juste et équitable de tous les contingents mobilisés dans cette opération”, poursuit le texte.
“Un délai d’une semaine est accordé à la Minusma pour opérer les relèves nécessaires et mettre à la disposition du contingent tchadien tous les moyens destinés à l’accomplissement de sa mission”, selon le communiqué.
Le gouvernement avertit que “passé ce délai, le Tchad se réserve le droit de prendre les mesures qui s’imposent”, sans toutefois préciser de quelles mesures il s’agit.
Cinq soldats tchadiens de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) ont été tués jeudi par l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule dans le Nord du pays, selon l’armée malienne.
Un soldat tchadien de la Minusma avait déjà été tué et quatre blessés par l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule le 14 septembre dans la même zone d’Aguel Hoc, près de la frontière algérienne, moins de deux semaines après une attaque toute proche qui avait tué quatre Casques bleus tchadiens.
Le Tchad est en première ligne dans la lutte contre les groupes islamistes
armés du Nord Mali depuis son engagement en janvier 2013, d’abord aux côtés de la force française Serval puis au sein de la force onusienne.
Pour la porte-parole de la Minusma, Padhia Achouri, que nous avons eu au téléphone, c’est avec regret que la mission Onusienne assiste aux attaques terroristes contre ses contingents particulièrement ceux du Tchad. Elle a salué la mémoire des soldats tombés au Mali dans la recherche de la paix pour le peuple malien. Selon elle, en un mois, la Minusma a perdu 20 soldats au Mali.
Pour notre interlocutrice, ces actes terroristes sont le fait de personnes ayant d’autres agendas que la paix au Mali et constituent même un sabotage du processus de dialogue présentement en cours en Algérie. Selon Mme Padhia, il y a des discussions avec le commandant des troupes tchadiennes et avec New York dans l’optique de renforcer leurs moyens opérationnels sur le terrain. Toutefois, Mme Padhia demande au gouvernement malien et les groupes armés de jouer leur partition pour aider la Minusma à juguler cette insécurité résiduelle au Nord du Mali.