Les défis de l’industrialisation du Mali sont énormes et variés. Le secteur souffre du déficit d’infrastructures de base telles que la vétusté des installations, le manque de routes et d’énergie, l’insuffisance de ressources humaines qualifiées, le manque de financement, la contrebande, la concurrence déloyale, la fraude et le poids fiscal. Cependant, le bilan de M. Mohamed Aly Ag Ibrahim à la tête du Ministère du Développement Industriel reste mitigé. Le secteur reste en effet confronté à de nombreux challenges. Mais, le constat est clairement établi au niveau du monde des industriels maliens que le ministre, depuis sa nomination en juillet 2016 au poste du Développement industriel, ne multiple que les visites et autres ateliers et séminaires budgétivores, ignorant superbement les vrais défis du secteur.
La création d’un département uniquement dédié aux industries avait suscité un grand espoir chez les acteurs du secteur. Mais, hélas et trois fois hélas ! Depuis sa nomination, le ministre en charge du Développement industriel n’a cessé de multiplier les visites d’unités industrielles à travers le pays. Il ne s’est spécialisé que dans la visite des unités industrielles existantes. Depuis bientôt deux ans, le ministre sillonne les régions du Mali pour, dit-il, prendre les différentes préoccupations du secteur. Néanmoins, aucune solution n’a été apportée jusque-là aux multiples problèmes auxquels les industriels sont confrontés aujourd’hui.
Plan d’urgence pour le Développement industriel du Mali, un véritable pipeau
Près de deux années de visite sur le terrain et des rencontres avec les acteurs du secteur, le ministre a concocté un plan, dit «Plan d’Urgence pour le Développement Industriel du Mali », avec, souligne-t-il, un ensemble d’activités à mettre rapidement en œuvre. Le coût total de la réalisation des activités contenues dans ce plan est estimé à 1 milliard 61 millions 282 mille FCFA. Il ferait l’objet d’un financement étatique à hauteur de 378 282 000 FCFA et le reste sera complété, selon nos sources, par l’apport des partenaires techniques et financiers (PTF), pour une période allant du 1er août 2017 au 31 juillet 2018. Ainsi, avec ce plan, la région de Kayes verrait le développement d’unités de transformation de lait, de viande, de cuirs et peaux, d’unités de fabrication de carreaux, de marbre, d’unités de production de chaux et de fer. S’agissant de la région de Koulikoro, le plan prévoit le développement d’unités de transformation de fruits et légumes, de karité et de maïs, ainsi que la fabrication d’aliments pour le bétail et de fer. Pour les régions de Ségou et Sikasso, qui regorgent d’énormes potentialités agricoles, le plan prévoit le renforcement de la promotion de l’agro-industrie à travers des unités de transformation de fruits et légumes, karité, anacardes, des rizeries, des unités sucrières et de textiles, ainsi que des unités de production d’engrais, d’équipement agricole et de produits phytosanitaire. Pour Mopti, Tombouctou, Gao, Taoudéni, Ménaka et Kidal, le plan prévoit l’installation d’unités de transformation de lait, de viande, de cuirs et peaux. Ainsi que l’installation d’usines de phosphate, d’engrais, phytosanitaire, mais aussi d’abattoirs modernes. Pour le District de Bamako et environnant, le plan prévoit le développement d’unités de transformation de produits.
Comme, on peut le constater, et selon ce spécialiste du secteur, ce plan, dit d’urgence, est un véritable piège, il est creux et imprécis et ne donne que le potentiel industriel par région du Mali. Notre interlocuteur poursuit qu’au final, le plan du ministre Mohamed Aly Ag Ibrahim ne prévoit aucune création d’unités industrielles. Ce plan ne prévoirait en réalité que la réalisation de séminaires et autres détails d’encadrement. «Le financement de ce plan serait-il approprié ? » Se pose-t-il comme question. Il invite le ministre à faire travailler davantage ses services pour la création de nouvelles unités industrielles capables de transformer nos produits locaux.
Aussi, les acteurs du monde industriel avouent être en attente des premières vraies réformes industrielles sous IBK. Ainsi, l’Organisation patronale des industriels du Mali (OPI), à travers son président, M. Cyril Achcar, plaide pour des réformes en vue de renforcer les capacités de compétitivité des entreprises industrielles nationales face à des marchés organisés selon des règles qui sont largement en défaveur des intérêts des pays de continentaux, comme le Mali. En outre, les doléances contenues dans les deux éditions du Livre Blanc de l’OPI n’ont jusque-là pas connu un début d’exécution. Car, le ministre semble préoccupé par autre chose : son image. On le constate, partout où il va, l’affiche du président IBK l’accompagne. Le ministre a même inondé les grandes artères de Bamako de panneaux publicitaires à l’effigie du président IBK. Ce n’est ni l’image, encore moins les affiches qui industrialiseront le Mali, mais des actions concrètes.
Dans ce secteur qui reste jusque-là le parent pauvre du Gouvernement, le ministre a du pain sur la planche. Comme pour dire que les vrais défis auxquels il doit faire face sont énormes. Il s’agit entre autres de la vétusté des installations industrielles, du manque d’infrastructures comme les routes et l’énergie, de l’insuffisance des ressources humaines qualifiées, du manque de financement, la contrebande, la concurrence déloyale, la fraude et le poids fiscal.
Alors, il revient au ministre Mohamed Aly Ag Ibrahim d’arrêter le «cirque» et de proposer des reformes idoines pour un Mali industrialisé, où les unités qui existent puissent prospérer et que d’autres puissent être créées pour l’honneur et le bonheur des Maliens.
Dieudonné Tembely
Source: infosepte