Dans une République digne de ce nom, après le Président de la République, dont la légitimité est beaucoup plus populaire, le député vient incontestablement en deuxième position en termes de représentativité et surtout de légitimité. Le rôle d’un député, loin d’être la construction d’une route ou la distribution d’engrais et des billets de banque aux électeurs, est bien entendu le vote des lois et le contrôle de l’action gouvernementale. Ces deux rôles importants sont les moins joués par nos honorables qui se préoccupent plus de leurs affaires que de la défense des intérêts de leurs mandants. Ne pourrait-on pas affirmer que les régions de Kayes et de Koulikoro sont en train de mourir à petit feu sous les regards complices et complaisants de leurs élus ?
L’exemple de la région de Kayes est la parfaite illustration du manque d’initiative, de courage, d’anticipation et surtout de volonté politique des députés maliens en général et ceux des zones à problèmes en particulier. La régie de chemin de fer, jadis motif de fierté, est devenue un lointain souvenir. A côté de ce patrimoine hérité de la colonisation, il y a la seule voie d’accès à Kayes qu’est la route qui se dégrade chaque jour un peu plus sans qu’aucun député ne daigne lever le petit doigt pour interpeller les ministres en charge de la question.
Bien que leur légitimité soit mise à rude épreuve par l’opposition et une bonne partie de la société civile à cause de la fin de leur mandat, les députés maliens jouissent toujours de toutes leurs prérogatives constitutionnelles après la prolongation de leur autorisation à légiférer. Forts de cette légalité légitimiste, ils pourraient bien jouer leurs rôles régaliens de contrôle de l’action gouvernementale et de vote des lois. Pourquoi n’usent-ils pas de leurs prérogatives en contrôlant des tâches comme la réfection de la route de Kayes. Ce contrôle pourrait passer par l’interpellation des ministres pour en savoir davantage sur le retard accusé dans l’exécution desdits travaux. En français facile, pourquoi les députés des circonscriptions de Kayes, Kita, Diéma, Kolokani n’ont-ils pas interpelés le gouvernement sur la lenteur constatée dans la réfection de la route nationale Kayes- Bamako et sur la réhabilitation de la régie des chemins de fer au grand bonheur de leurs électeurs ?
A partir du moment où la question de leur inscription au budget ne se pose plus et surtout la nécessité, les députés devraient interpeler la Ministre en charge des travaux publics, Mme DjénébouDiop, pour qu’elle dise les raisons de la lenteur constatée dans l’exécution des travaux de ces deux voies afin de rassurer les populations riveraines. Au lieu de cela, c’est le silence de carpe des élus des régions concernées. Et ce silence des députés de Kayes en premier lieu, de l’ensemble des députés du Mali et surtout de tous les cadres des régions de Koulikoro et de Kayes est synonyme de complicité.
Désormais les députés sont sur le banc des accusés, à cause de leur silence assourdissant et les électeurs de leurs circonscriptions semblent être irrités de ce comportement qui s’apparente à leurs yeux à une trahison. Ils disent les attendre de pieds fermes aux prochaines échéances électorales. Mais, Ils ont encore une occasion. Après avoir eu plus d’un an de sursis avec la prolongation de leur mandat, ils pourraient donc se racheter pour non seulement séduire l’électorat, mais aussi rendre service aux populations qui les ont élus.
En définitive, nous osons croire qu’après ce vaste mouvement des associations des jeunes, des femmes et des cadres qui ont manifesté pour demander plus de bien-être aux populations riveraines de la route de Kayes, que les députés se réveilleront. Même si c’est tardif, un réveil quand bien même, pour demander aux ministres en charges des travaux, de ces voies, de diligenter pour soulager la souffrance des populations.
Youssouf Sissoko