WUnir les forces pour mieux défendre leurs intérêts, tel était l’objet de la rencontre que les victimes d’expropriation abusive de N’tabakoro ont organisée, samedi dernier à Baco Djicoroni ACI chez Nazirou Sacko, lui aussi victime d’expropriation de son titre foncier N° 16645 à N’tabacoro.
Tout d’abord, un rappel des faits. Au mois de novembre dernier, Nazirou Sacko et Djo Seydou Mallé ont été alertés par leurs gardiens qui leur signalèrent des mouvements de bulldozers dans leurs parcelles. L’engin de destruction était en train de ravager tout sur son passage. Que se passait-il donc, s’interrogèrent les occupants ?
Les conducteurs des engins les informèrent par la suite qu’ils avaient reçu ordre de démolir suite à une décision d’expropriation au compte de l’Office malien de l’habitat (OMH). Comment cela se pouvait-il dans la mesure où les occupants en question disposaient de titres fonciers en règle ? Il s’agit, pour Monsieur Nazirou Oumar Sacko, du titre foncier N° 16645 de Kati sise à N’tabacoro et, pour Djo Seydou Mallé, du titre Foncier N° 68759 de Kati sise à N’Tabacoro.
Les deux victimes entreprirent des démarches administratives. A l’OMH, ils furent informés, seulement à cet instant précis, qu’une opération d’expropriation était en cours dans le cadre du projet d’extension des logements sociaux de N’Tabacoro. Une commission d’expropriation a même été mise en place et avec laquelle, les deux victimes furent appelées à prendre contact. Ce qu’elles furent. Ladite commission, à son tour, leur demanda de constituer un dossier technique au plus tard le 02 février 2016 en vue de réparation des préjudices. Elle s’engagea, auparavant, à arrêter les travaux de démolition. Un coup de bluff ! L’entreprise poursuivit en effet ses travaux comme si de rien n’était.
C’est à cet effet que, le samedi 30 avril dernier, une dizaine de personne frustrées car toutes victimes d’expropriation abusive à N’tabakoro, sous la houlette de Nazirou Oumar Sacko, ancien fonctionnaire international des Nations-unies à la retraite lui aussi victime d’expropriation, se sont réunies pour unir leur force et parler d’une seule voie et d’un seul langage. Question de réclamer haut et fort leur droit aux autorités de la République à travers l’Office malien de l’habitat (OMH) qui se cache derrière la raison d’utilité publique dans le cadre de la construction de logements sociaux.
Lors de cette réunion, les victimes affirment qu’elles vont rencontrer dans un bref délai l’ensemble des organisations des droits de l’homme pour informer l’opinion nationale et internationale de cette injustice flagrante.
Selon Mamadou Nimaga, un autre exproprié, «les logements sociaux ne relèvent jamais du caractère d’utilité publique. En nous expropriant l’Etat privilégiera certains citoyens au détriment d’autres. Ce qui sera une parfaite injustice » a affirmé Nimaga. Cette première rencontre des victimes d’expropriation de N’tabacoro était une bonne occasion pour Nazirou Sacko d’interpeler les plus hautes autorités du pays. « Le Mali est un pays de droit. Tous les Maliens sont égaux, et personne n’est au-dessus de la loi. Je suis convaincu que dans ce pays, même si c’est minime, il doit y avoir des hommes et des femmes qui se respectent et qui font respecter la loi. Je suis sûr que ces hommes et ces femmes ne vont pas s’assoir et laisser les plus riches piétiner les plus pauvres au Mali. L’appel que j’ai à lancer à l’endroit du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, je le connais depuis plus de 30 ans, je ne pense pas qu’il est au courant des violations qui se font actuellement au Mali. Sinon, l’homme qu’il est, ne va jamais s’asseoir sans réagir.»
Il est à noter que les parcelles « expropriées » ne sont pas du tout concernées par décret d’expropriation N°090 du 2 mars 2011. On a créé d’autres titres sur lesdits titres fonciers. Ça sent le banditisme administratif !
A.M. NIANG
Source: sphynx