« Le Mali d’hier à aujourd’hui » est le titre de l’exposition du peintre Ismaël Diabaté ouverte samedi à la galerie Médina. Le vernissage a eu lieu en présence de l’artiste, de Igo Diarra, le promoteur de la galerie, d’Aminata Dramane Traoré, ancien ministre de la Culture, d’Abdoulaye Konaté, le directeur général du Conservatoire Balla Fasséké Kouyaté, d’Oumar Kamara Ka, le patron de l’Institut universitaire de technologie (UIT) et de nombre d’artistes de renommée. L’exposition de très haut niveau est signé de « l’ancêtre des artistes plasticiens », comme lui même aime à le dire aux jeunes.
L’exposition, visible jusqu’au 31 décembre, est organisée par la médiathèque de la galerie Médina, en collaboration avec l’artiste. C’est à la fois une rétrospective et une mise en perspective de la riche carrière d’une légende vivante de la culture malienne. Ismaël Diabaté est, en effet, l’un des artistes maliens les plus exposés à travers le monde. « C’est vrai que j’avais arrêté de produire depuis un certain temps. J’étais très occupé par la pratique du N’ko qui a pris mon temps de création », explique-t-il.
Les toiles exposées revisitent notre histoire de 1975 à nos jours. La thématique de l’exposition parle non seulement de la tradition mais aussi de l’évolution, note le peintre. A l’entrée de la salle, on peut voir de grands tableaux de formats différents, allant de 2 à 4 mètres, accrochés au mur. Chaque œuvre a une signification et une histoire, rappelle le créateur.
Ces tableaux de sujets et périodes divers sont conçus avec trois couleurs : le rouge, le bleu et le noir du bogolan. Les couleurs rouge et bleue attirent comme pour montrer la force de l’oeuvre. De près, les tableaux sont pleins de sens. Certaines œuvres parlent de la guerre, explique l’artiste. Et chaque tableau présente une philosophie. C’est une véritable école traditionnelle, comme le souligne l’artiste. « Nous avons abandonné notre tradition au profit d’autres, tout n’était pas mauvais », estime Ismaël Diabaté en prenant l’exemple du Komo qui est une école d’initiation à la science. Il permettait aux jeunes de connaitre la science de la vie et de la médecine tout en leur inculquant les vertus sociales et un comportement exemplaire à l’égard des grandes personnes.
La série de foule sur bogolan est une interprétation des événements de Mars 1991. Dans la foule, on ne sait pas ce qui peut arriver durant le trajet. « En tant qu’artiste, je me dis qu’il fallait matérialiser cette foule qui a marqué l’histoire de notre pays à un moment donné. C’est mon côté enseignant qui a parlé ici, car il fallait faire quelque chose pour la postérité et témoigner de cette révolution ». C’est ce qui explique aussi la peinture du tableau du Monument du 26 mars 1991. « Bien que je ne sois pas politique, contrairement à ce que pensent certaines personnes, j’ai voulu tout simplement raconter le mouvement du peuple à travers mon travail de peintre », explique Ismaël Diabaté.
Le peintre a rendu un vibrant hommage à l’association Kassobani pour son esprit de création de bogolan.
A. S.
source : Essor