Au cours d’un meeting qui a mobilisé plusieurs milliers de personnes, le samedi 26 février dernier au palais de la Culture Amadou Hampaté Bâ, sur les récents événements survenus à Macina, le président du Haut Conseil Islamique (HCI), Mahmoud Dicko a chargé la France. Qui selon lui, serait en train de pousser ses pions pour arriver à ses fins encore inavouées
Quelques semaines après les affrontements intercommunautaires survenus entre Peuls et Bambaras à Ké-Macina, dans la région de Ségou, le Haut Conseil Islamique (HCI) a organisé un meeting, le samedi 26 février dernier au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bâ. Avec pour objectif de sensibiliser les populations maliennes sur les dangers d’un conflit intercommunautaire afin d’éviter l’embrasement du pays.
Comme d’habitude, plusieurs milliers de personnes, ont favorablement répondu à l’appel du chef de la communauté musulmane, Mahmoud Dicko. La salle qui porte le nom du mythique griot ‘’ Djéli Bazoumana Cissoko’’, a refusé du monde. Contraignant plusieurs centaines de personnes à écouter le meeting depuis la cour du palais de la Culture via leur postes radio ou leurs téléphones portables.
Comme l’on pouvait s’y attendre, le charismatique président du Haut Conseil Islamique (HCI), Mahmoudou Dicko, n’est pas allé par quatre chemins pour cracher ses vérités crues aux gouvernants du Mali et ceux de la France. Il a rappelé que le Mali est un pays de traditions et de religions. A cet effet il a rappelé qu’en Afrique les racines de l’islam sont implantées au Mali. Où dit-il, les différentes communautés ethniques ont toujours vécu ensemble en parfaite symbiose, partageant les mêmes territoires. Et à l’origine : le ‘’sinankounya’’ ou la parenté à plaisanterie qui lie les différentes communautés maliennes.
Le retour d’escalier du colonisateur !
« Sur la base de nos valeurs culturelle et religieuse nous avons toujours su gérer nos différends » dit-il. Parlant de la recrudescence des conflits intercommunautaires, ces dernières années au Mali, Mahmoud Dicko croit savoir qu’elles sont alimentées par des mains étrangères, notamment la France. « Ils ont voulu nous imposer un code de famille dont le contenu est contraire à nos valeurs, nous l’avons refusé. Et depuis ils ne nous lâchent plus d’une semelle. Hier c’était la rébellion, ensuite le terrorisme au nord du pays.
Le plan A et B ayant échoué ils ont trouvé un plan C qui consiste à mettre nos communautés les unes contre les autres » a déclaré le président du Haut Conseil Islamique (HCI) Mahmoud Dicko. Sans cité nommément la France, il poursuit en ajoutant que l’objectif final de cette manœuvre consiste à déclencher une guerre civile au Mali, afin d’arriver à leurs fins non encore inavouées. Et déclare qu’il n’a jamais vu d’un bon œil le fait que RFI ait choisi de diffuser chez nous un programme en langue nationale Bamanakan. Pour lui, ce n’est ni plus ni moins qu’un moyen de manipuler l’opinion publique.
« Jamais au grand jamais, les Bambaras, les Dogons, les Sénoufos, les Peuls ou n’importe quelle autre communauté ne s’en prendront à une autre communauté à cause de son appartenance ethnique ou religieuse. Nos ancêtres ont vécu en parfaite symbiose durant plusieurs siècles ce n’est pas maintenant que nous allons nous entretuer les uns les autres » dit-il.
Avant d’ajouter plus loin : « ils veulent faire chez nous ce qu’ils ont fait au Rwanda, en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays. Car si le conflit perdure, ils resteront aussi longtemps qu’ils le voudront mais ils ne réussiront jamais ».
Son 1er vice président, Thierno Hady Oumar Thiam, ajoutera pour sa part que tous les Maliens sont liés de par Dieu et leur religion. Selon lui, cela prime sur tous les autres détails. « Au Mali nous sommes tous métissés et c’est ce qui fait la beauté de notre peuple, nous devons éviter de tomber dans le piège », conseille-t-il.
Le ministre Me. Mamadou Ismaël Konaté dans le viseur
Outre la problématique des conflits intercommunautaires, le projet de loi portant sur l’interdiction de la pratique de l’excision, s’est invité dans les débats.
Pour rappel, en début février le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Me Mamadou Ismaël Konaté avait clairement déclaré son intention de proposer un projet de loi dans ce sens. C’était lors de la célébration de la journée internationale de lutte contre les Mutilations Génitales Féminines Excision (MGF/E), dans la salle Fanta Damba N° 2 du CICB en présence de la Première dame Keïta Aminata Maïga et du président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé. De quoi provoquer l’ire de la communauté musulmane et de son chef, Mahmoud Dicko, qui ont déjà protesté contre une telle mesure. Pour le président du HCI, Mahmoud Dicko, le ministre de la Justice, Me. Mamadou Ismaël Konaté n’a pas été correcte dans sa démarche en voulant diviser les leaders religieux autour du sujet.
Pour preuve explique-t-il, après avoir pris l’engagement de faire voter une loi devant interdire l’excision, il est allé rencontrer les membres du groupement des leaders religieux dirigé par Ousmane Chérif Madani Haïdara, croyant avoir leur soutien contre le HCI. « Mais il s’est trompé car son manœuvre a échoué » dit-il. Avant de rassurer la communauté musulmane qu’une telle loi ne sera jamais votée et adoptée au Mali.
Parlant de la gouvernance du pays, le président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko, a prévenu le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta que « la grogne monte de plus en plus et il y a de plus en plus trop de laisser aller dans la gestion des affaires publiques ».
« Et si jamais on y prend pas garde cette situation pourrait déboucher sur le chaos que Dieu nous en préserve » a-t-il ajouté.
Par ailleurs, sans cité l’animateur radio, Ras Bath, l’imam Mahmoud Dicko a prévenu que les Maliens doivent faire attention à la divulgation de certaines informations pour salir l’image des personnalités. « Dans un pays en crise comme le Mali, il n’est pas séant de dire tout sur tout le monde » dit-il.
Il a également salué la destruction des bars par les jeunes de Tombouctou, une ville sainte qui selon lui ne mérite pas d’abriter des ‘’bordels’’.
A noter que le meeting a enregistré la présence de plusieurs leaders politiques, dont Mody N’diaye et Dr. Choguel Kokalla Maïga.
Abel Sangaré