Les débats qui se sont déroulés autour de l’ex comité de réformes de l’armée sous la transition ont été vifs entre députés à l’Assemblée Nationale. Extraits.
A l’ordre du jour de la plénière du 4 juillet de l’Assemblée Nationale, qui vient de clôturer sa session d’avril, figurait le projet de loi de ratification de l’ordonnance n°2013-016/P-RM du 25 novembre 2013 abrogeant la loi du 12 juillet 2012 portant création du Comité militaire de Suivi et de Réforme des Forces de Défense et de Sécurité. Ce comité jadis dirigé par le général Amadou Haya Sanogo, faut-il le rappeler, avait été mis en place par les autorités de transition et devait prendre fin à l’issue de la période transitoire.
Issiaka Sidibé, le président de l’Assemblée Nationale, a donc fait appel au Président de la Commission Défense, l’honorable Karim Kéïta qui a invité à son tour le rapporteur de la commission, l’honorable Modibo Sogoré à venir lire le rapport. Selon lui, « le comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité a été mis pour le suivi d’une réforme qui n’était pas enclenchée ». «Il est un élément dans le processus de sortie de crise, suite à un ingénieux montage et dont les résultats ont été peu probants, le départ étant déjà faussé. Pour preuve, aucune grande réforme n’a été menée à terme car sa vision est plus politique que technique ou administrative », a déclaré le rapporteur de la commission.
Mariko : « la commission a été méchante envers les dirigeants du comité »
A l’entame des débats parlementaires, la parole a été donnée aux députés Mamadou Diarassouba et Fatoumata Niambaly, qui ont estimé que la commission Défense, que préside actuellement Karim Keita, a été « méchante » en mentionnant que les dirigeants « du comité n’étaient ni aptes ni compétents”. Pour l’honorable Oumar Mariko, ce rapport a tout simplement été trop sévère envers les dirigeants de l’ex comité : «Je suis entièrement d’accord avec la déclaration de Diarassouba», a ajouté Oumar Mariko. « Le drame dans ce pays est que l’on se met volontairement dans une position d’amnésiques. Ce rapport est tendancieux. Il faut donc retirer ce rapport». Mariko estime d’ailleurs que les responsables de ce comité qui sont actuellement en prison n’ont pas la possibilité de répliquer aux accusations portées contre eux.
Un comité beaucoup trop cher
De son côté, Modibo Sogoré a indexé ledit rapport : «les dirigeants de la structure n’étaient ni aptes, ni compétents pour la conduire et bénéficiaient, en contre nature, de primes supérieures à celles du ministre de tutelle ». Ledit comité, poursuit Sogoré, a causé d’énormes dégâts financiers et matériels dont 3.106.000.000 de francs CFA impayés et143 véhicules de l’administration enlevés essentiellement de la Présidence de la République et dont seulement 48 sont récupérés à ce jour. Le comité a également pris des actes sans base juridique et la régularisation devait intervenir plus tard pour garantir le droit acquis. Après lecture du rapport, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Bah N’Daw s’est contenté de lancer : «Le comité a vécu et s’est éteint. Le désordre a ses possibilités et l’ordre a ses exigences».
Karim Keita répond à Mariko
Prenant à son tour la parole, Karim Keita, le président de la Commission Défense de l’Assemblée a tenu à remettre les choses dans leur contexte : « Nous ne sommes pas méchants. Nous sommes durs et sévères mais dans la vérité ». Abondant dans le même sens, l’honorable Amadou Cissé, a jugé que la commission qui a consulté d’importantes spécialistes pour établir ce rapport, y compris le ministère de la défense, était à saluer pour son honnêteté intellectuelle. Pour Moussa Coulibaly, député RPM, la lecture du rapport donne pourtant l’impression d’un règlement de comptes. Ce rapport, a-t-il affirmé, ressemble plutôt à un audit : « On ne va pas refuser de voter mais il faut revoir certains aspects pour l’adapter à la réalité. « Nous ne jugeons pas de la qualité des hommes. A l’époque, il fallait ce comité. », a estimé Issa Togo, député RPM. Plus déterminé, l’honorable Boubacar Djanguina Sissoko, précise qu’il faut tout faire pour que les contribuables récupèrent les fonds dilapidés par l’ex comité.
Et pour clore les débats, Bah Ndaw, l’actuel ministre de la Défense et des Anciens combattants a réaffirmé sa volonté de doter les forces armées et de sécurité de moyens adéquats pour accomplir leur mission de défense de la patrie.
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