Une cinquantaine de producteurs semenciers de riz, de chercheurs, d’experts des pays de l’UEMOA et des cadres responsables du Centre du riz pour l’Afrique étaient en conclave à Ségou les 25 et 26 janvier derniers pour la restitution des études diagnostiques sur la chaine de valeur semencière en Afrique de l’ouest.
L’atelier s’inscrit dans le cadre du Projet d’appui technique aux programmes de mise en œuvre des grandes orientations de la politique agricole de l’Union (PAU) en vue de la relance du secteur rizicole pour une durée de trois ans, à travers notamment le programme AfricaRice, organisateur de la rencontre de Ségou.
A l’ouverture des travaux, Mamadou Kabirou N’Diaye d’AfricaRice a rappelé que le centre, dans son plan stratégique, accorde une place de choix à la semence qui constitue le premier intrant assurant près de 20% de la productivité. Elle s’avère également être une contrainte majeure pour l’amélioration de la productivité, de la production et de la qualité des produits rizicoles.
Ainsi, l’amélioration de la chaine de valeur semence est un facteur incontournable pour l’atteinte de l’autosuffisance en riz dans nos pays de l’Afrique de l’ouest. Par conséquent, la Commission de l’UEMOA, dans son appui de plus d’un milliard Fcfa à la filière riz, met un accent sur la production, la distribution, la législation des semences dans la zone UEMOA et la promotion et la diffusion des nouvelles technologies.
Le représentant du directeur général de l’IER, Soungalo Sarra, a souligné que dans notre pays, le riz est prisé par tous les foyers avec une consommation annuelle individuelle de 61,5 kg. Environ 200 000 ménages dépendent de la riziculture pratiquant le système irrigué avec maitrise ou sans maitrise de l’eau, le système de submersion profonde et celui pluvial dans les bas-fonds ou autres plaines avec des rendements moyens de 1,5 à 6 tonnes à l’hectare, a-t-il énuméré.
Pour combler le déficit, l’État accorde plus de 15 milliards Fcfa d’exonérations aux importations compensatoires de riz. Ces éléments ont incité notre pays à élaborer une stratégie nationale de développement de la riziculture marquée par « l’initiative Riz » dès 2008-2009 et à mettre en place une véritable politique de sécurité alimentaire, de modernisation de l’agriculture, à travers le développement des chaines de valeurs et l’émergence d’agropoles.
Le présent projet UEMOA cadre donc parfaitement avec les priorités nationales par ses axes de rizicultures irriguée, pluviale et de bas-fond, et aussi par son approche chaîne de valeur impliquant tous les partenaires de la filière riz pour faire de la région de Ségou une zone « grenier pilote» de la sous-région, a souligné Soungalo Sarra.
Le directeur de cabinet du gouverneur, Mamadou G. Traoré, qui présidait la cérémonie a mis l’accent sur les efforts du gouvernement pour l’autonomie alimentaire et sur le rôle de sa région qui fournit au moins 40% de la production nationale de riz.
A l’issue d’une brève présentation du projet par la coordination régionale qu’assure AfricaRice et d’un exposé des acquis, faiblesses et perspectives liés à l’harmonisation des règles qui régissent la production, la certification et la commercialisation des semences dans l’espace CEDEAO, chaque pays membre de l’UEMOA a présenté les résultats obtenus.
Les activités du projet sont réparties entre une dizaine de gammes de produits : l’identification de variétés de riz adaptées au changement climatique et de variétés dotées d’une qualité en grain spécifique qui répondent aux besoins des consommateurs ; la production, la gestion et la distribution de semences de ces variétés ; les meilleures pratiques de gestion de la riziculture en vue d’accroitre la productivité ; les bonnes pratiques post-récolte en vue de réduire les pertes et d’améliorer la qualité du riz ; l’introduction et l’adaptation d’équipements agricoles et la formation des entreprises et des privés à la fabrication des équipements. Il y a également la promotion des arrangements contractuels fonctionnels et durables entre les différents acteurs ; le renforcement des capacités et la diffusion à grande échelle des technologies ; le développement d’instruments régionaux pour l’amélioration de l’information pour la sécurité alimentaire ; la gestion des connaissances et les outils d’aide à la décision pour tous les acteurs de la filière riz et le suivi-évaluation et l’évaluation de l’impact.
Les participants ont également discuté sur le terrain avec des producteurs semenciers de la zone Office du Niger de M’Bèwani puis avec la Société coopérative des anciens forgerons de l’Office du Niger (SOCAFON) à Niono. Ils ont élaboré une feuille de route autorisant AfricaRice à produire la synthèse de l’atelier de Ségou.
A. O. DOLO
AMAP-Ségou
Source : Essor