Que signifie être peul au Mali aujourd’hui ? Cette communauté, qui a eu d’illustres écrivains comme meilleurs ambassadeurs, mérite qu’on lui prête de nouveau attention et qu’on s’éloigne des raccourcis vers lesquels les djihadistes menés par Iyad Ag Ghaly nous orientent.
Mieux la connaitre, mieux la comprendre, pour mieux vivre dans un Mali uni et lutter contre le terrorisme, qui sévit tout particulièrement au centre. Tel est le principal enjeu de la prise en compte de la communauté peule du Mali.
Les Peuls représentent la deuxième plus grande communauté du Mali, ils sont principalement implantés dans le centre du pays. De culture nomade, ils vivent principalement de l’activité pastorale. La culture traditionnelle peule est donc construite autour de l’élevage et de la conduite des troupeaux. Le besoin de survie des troupeaux peut poser des problèmes voire des conflits principalement liés aux enjeux de territoire. Ces enjeux opposent régulièrement certaines communautés entre elles : Ténenkou, Ansongo, Koro sont devenus les théâtres d’affrontements aussi fréquents que féroces.
Ces conflits intercommunautaires et territoriaux sont une aubaine pour les islamistes radicaux. Ceux-ci profitent de l’absence des forces de sécurité et du déficit d’arbitrage de l’Etat malien au centre pour mettre en place leur système autoritaire et leur projet terroriste, dont les Peuls sont les principales victimes. En s’imposant par la violence, ils tentent de remplacer petit à petit les autorités traditionnelles peules garantes du fonctionnement de cette communauté. Pourtant les Peuls possèdent un code de conduite ancien et une grande sagesse. C’est ce code qui guide leurs actes et leur donne cette attitude, digne, réservée, autonome et respectueuse. C’est bien à cette identité que les terroristes tentent de s’attaquer pour la détruire.
De même, les terroristes s’appuient sur la frustration des jeunes et de leur sentiment d’abandon pour les recruter. Le résultat c’est que seuls des jeunes peuls manipulés par Amadou Kouffa meurent dans les attaques terroristes. On notera le cynisme de la Jamaa Nasr al Islam wal Muslimiin, qui dans son communiqué revendiquant l’attentat du campement de Bamako, a valorisé les trois hommes peuls qui en étaient les exécutants. C’est bien là tout le jeu d‘Iyad Ag Ghaly, faire mourir les Peuls et le Macina tout en préservant sa prééminence dans sa propre chefferie traditionnelle.
Etre peul aujourd’hui au Mali c’est être exposé au risque d’être manipulé par Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa et de mourir pour leurs ambitions personnelles. Ce n’est pas une fatalité. La seule issue reste l’APR qui cherche à prendre en compte les aspirations de chaque communauté. C’est bien pour cette raison que les terroristes font tout pour empêcher son application.
Paul-Louis Koné
Twitter : @pauloukone
La rédaction