ADDIS-ABEBA (Reuters) – Le commandant de bord de l’avion de la compagnie Ethiopian Airlines qui s’est écrasé le 10 mars dernier avec 158 personnes à bord n’avait pas pu s’entraîner sur le nouveau simulateur conçu pour le Boeing 737 MAX 8, a déclaré un de ses collègues.
Yared Getachew, qui avait 29 ans, devait recevoir une nouvelle formation à la fin mars, soit deux mois après qu’Ethiopian Airlines eut reçu l’un de ces simulateurs, a dit ce collègue à Reuters.
La catastrophe du vol d’Ethiopian Airlines, quelques mois après le crash d’un autre 737 MAX 8 en octobre en Indonésie, a déclenché l’une des plus vastes enquêtes de l’histoire de l’aviation, qui se concentre sur la sécurité du nouveau système MCAS et cherche à déterminer si les pilotes l’avaient correctement compris.
Dans les deux cas, les pilotes ont perdu le contrôle peu après le décollage et n’ont pu empêcher les avions de chuter.
Le MAX, entré en service il y a deux ans, dispose d’un nouveau logiciel appelé MCAS, dispositif de stabilisation des appareils de dernière génération.
“Boeing n’avait pas envoyé de manuels relatifs au MCAS”, a dit le collègue de Yared à Reuters, sous le couvert de l’anonymat. “Le fait est que nous en savons plus sur le MCAS par les médias que par Boeing”, ajoute-t-il.
Au plan mondial, la majeure partie des pilotes d’avions de ligne suivent de nouvelles formations sur simulateurs tous les six mois. Dans le cas de la catastrophe d’Ethiopian Airlines, on ignore si le copilote de Yared, Ahmednur Mohammed, 25 ans, mort lui aussi dans le crash, avait pu quant à lui s’entraîner sur le nouveau simulateur pour MAX.
Ethiopian Airlines a assuré jeudi que ses pilotes avaient suivi la formation recommandée par Boeing et approuvée par la FAA américaine (Federal Aviation Administration) sur les différences entre les précédents appareils 737 NG et la version 737 MAX.
“Je pense que les différences entre les 737 NG et le MAX ont été sous-estimées par Boeing”, déclare de son côté John Cox, consultant en sécurité aérienne, ancien pilote d’US Airways et ancien président de l’Association des pilotes de ligne américains.
REUTERS – Maggie Fick et Jason Neely; Eric Faye pour le service français