Donald Trump avait promis de démanteler toutes les mesures prises sous l’ère Obama, et de faire l’inverse de son prédecesseur qu’il n’a cessé d’insulter et de critiquer. Mais six mois après son installation au pouvoir, son administration garde un parfum fortement obamien. Ce n’est pas tout à fait par goût. Donald Trump, par exemple, vient d’encaisser une cuisante défaite en échouant à remplacer l’Obamacare, la réforme majeure de son prédecesseur. Pendant des mois, le Congrès, dominé par les républicains, a pourtant essayé de faire voter un Trumpcare, mais en vain. Conservateurs et modérés de son propre parti ne sont pas arrivés à se mettre d’accord. C’est un énorme camouflet pour le président. D’abord car le maintien d’Obamacare va à l’encontre de ses promesses de campagne. Ensuite parce que ces négociations interminables lui ont fait perdre un temps précieux. Mais surtout parce que les républicains risquent de le payer chèrement lors des législatives l’année prochaine si leur base, à qui ils ont promis depuis sept ans l’abolition de cette réforme, se rebelle.
Ce n’est pas tout. Dans la même semaine, l’administration Trump a reconduit l’accord nucléaire iranien, la plus grosse réussite du deuxième mandat d’Obama en politique étrangère. C’est la seconde fois depuis janvier. Les États-Unis, selon le traité, doivent « certifier » l’accord tous les 90 jours, autrement dit : s’assurer que l’Iran respecte bien les termes.
Ce n’est pas tout. Les impôts mis en place par le président Obama sur les hauts salaires sont toujours en place, les États-Unis ont toujours des relations diplomatiques avec Cuba et en matière d’immigration, Donald Trump n’a pas révoqué une autre mesure d’Obama, qui protège de la déportation 750 000 jeunes immigrés arrivés illégalement lorsqu’ils étaient enfants aux États-Unis. Quant à la lutte contre Daech, le plan de la nouvelle administration visant à s’appuyer sur les forces locales alliées pour l’écraser ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de l’ancien.
Priorités
Cela ne veut pas dire que Donald Trump n’ait rien fait. Il a réussi à faire passer des mesures qui détruisent les réglementations sur l’environnement, a démantelé la politique climat d’Obama, durci celle sur l’immigration, relancé les projets de pipelines… Il a également demandé à ses équipes de revoir les réglementations bancaires imposées après la crise de 2007, tout comme l’accord avec l’Iran, et parie sur l’implosion d’Obamacare.
Le problème, c’est que les républicains sont trop divisés pour arriver à un compromis sur la réforme de la santé comme sur la politique à l’égard de l’Iran. Sans parler des alliés, qui sont hostiles à une renégociation du traité. Ce qui augure mal des prochains débats sur les autres priorités, à savoir les investissements en infrastructure et la réforme du Code des impôts. Donald Trump, au lieu de défendre une politique et de s’efforcer de convaincre l’opinion publique ou les démocrates de son bien-fondé, est englué dans l’affaire russe et préfère tweeter. La semaine avant l’échec de la réforme de la santé, il a envoyé une soixantaine de tweets. Seuls six concernaient Trumpcare, soit moins que ceux faisant la promo d’un tournoi de golf dans un de ses country clubs.
La rédaction