Guerre d’influence avec Moscou et Pékin, coupe des ressources budgétaires pour la diplomatie… Dans une déclaration devant la Heritage Foundation, un think thank conservateur, le conseiller pour la sécurité nationale de Donald Trump a dévoilé la nouvelle stratégie américaine en Afrique.
Jusqu’ici peu loquace sur les affaires africaines, l’administration de Donald Trump a, par la voix du conseiller à la sécurité nationale John Bolton, dévoilé les nouveaux axes de sa stratégie sur le continent. Approuvée mercredi 12 décembre par le président américain, cette nouvelle politique vise notamment à contrer les influences russe et chinoise en Afrique, a précisé John Bolton devant la Heritage Foundation, think-tank conservateur où il avait été invité à venir s’exprimer.
« Les grands concurrents, la Chine et la Russie, étendent rapidement leur influence financière et politique en Afrique », a-t-il expliqué. « Ils ciblent délibérément et de manière agressive leurs investissements dans la région pour avoir un avantage compétitif sur les États-Unis ».
Faire des intérêts américains la priorité
Accusant les deux pays de « pratiques prédatrices », Bolton a affirmé que les politiques africaines de Moscou et Pékin « ralentissent la croissance économique en Afrique, menacent l’indépendance financière des nations africaines, limitent les opportunités d’investissement américains, interfèrent avec les opérations militaires américaines et menacent les intérêts américains en sécurité nationale ». Il a notamment accusé Pékin d’utiliser la dette des États africains pour les rendre « captifs » de leur volonté.
Livraisons d’armes, signatures de contrats pour Gazprom ou Rosatom, offensive diplomatique du Rwanda au Soudan… Le poids de la Russie sur le continent africain, n’a cessé de croître ces dernières années. Ciblé par les sanctions occidentales, Moscou cherche à trouver de nouveaux débouchés sur le continent et à y étendre son influence, notamment à l’aide de ses compagnies nationales. Selon le conseiller en sécurité nationale, la priorité de l’administration Trump sera notamment de développer des relations économiques avec la région pour créer des opportunités pour les entreprises américaines et ainsi reprendre du terrain sur Moscou et Pékin.
Précisant que le président « restait fidèle à sa politique consistant à faire des intérêts américains une priorité sur et à l’extérieur du territoire », John Bolton a également annoncé que les États-Unis allaient plaider pour « mettre fin » aux missions de l’ONU en Afrique qui ne favorisent pas « une paix durable ». L’aide économique américaine devrait selon le conseiller du président être revue pour faire en sorte qu’elle apporte des résultats, alors que le locataire de la Maison Blanche veut drastiquement couper les ressources budgétaires affectées à la diplomatie.
Le Soudan du Sud en première ligne des coupes budgétaires
En première ligne de ces coupes budgétaires, le Soudan du Sud en proie à une guerre civile après avoir reçu une importante assistance américaine pourrait rapidement faire les frais de cette « nouvelle stratégie ». « Nous ne fournirons plus de prêts ou de ressources américaines supplémentaires à un gouvernement sud-soudanais dirigé par les mêmes dirigeants en faillite morale qui perpétuent cette horrible violence », a insisté le conseiller du président des États-Unis.
« À partir de maintenant, les États-Unis ne toléreront plus cette longue tradition d’aide sans résultats, d’assistance sans responsabilité, et de soutien sans réforme », a-t-il lancé. « L’Amérique est une nation généreuse, mais nous insistons pour que l’on fasse bon usage de notre argent (…) Malheureusement, des milliards et des milliards de dollars des contribuables américains n’ont pas abouti aux résultats escomptés », a-t-il estimé.
Le président américain ne s’est exprimé qu’à de rares reprises sur l’Afrique, laissant au continent comme principal souvenir sa déclaration sur les « pays de merde » qui avait provoqué un tollé sur et en dehors du continent.La première dame, qui s’était rendu dans quatre pays du continent en octobre, avait de son côté choqué avec le port d’un chapeau évoquant le passé colonial.
JA