Les Américains semblent manier, quasi parfaitement, la carotte et le bâton dans leurs relations avec la Corée du Nord, notamment sur la question de la dénucléarisation de la Pénininsule coréenne. C’est le ton général qui se dégage des réunions d’information entre dix journalistes de media africains, dont l’AMAP, avec des représentants du gouvernement américain, des groupes de réflexion, des organisations à but non lucratif et d’autres institutions afin de mieux comprendre le point de vue des États-Unis et de ses partenaires concernant la politique étrangère à l’égard de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC).
Des officiels du Département d’Etat américains croient voir en la Corée du Nord, des dispositions à des négociations qui conduiront à un renforcement de l’Armistice entre les frères coréens du Nord et du Sud. C’est pourquoi ils utilisent la carotte qui serait de faire miroiter à Pyongnang les gains, les avantages et les charmes d’une économie de marché auxquels le jeune leader nord-coréen, Kim Jong-un, ne serait pas insensible pour avoir séjourné dans un pays occidental lors de ses années d’étude. Le bâton ? A n’utiliser, s’il ne l’est pas déjà, que pour pousser la partie coréenne à faire des progrès. Ce gros bâton est le regime de sanctions imposé à la Corée du Nord.
Selon un de nos interlocuteurs officiels, la main sur le coeur, la question n’est pas la nature d’un régime ou de son changement, en l’occurence celui de Pyongnang, mais de prévenir une guerre nucléaire. Il estime que le président Donald Trump traite le leader coréen avec respect. N’empêche ! Le bâton des sanctions demeure “et l’option militaire aussi que nous ne voulons pas avoir à utiliser”, poursuit-il, tout en se disant optimiste. Selon lui, l’échec du dernier sommet Trump-Kim à Hanoi, au Vietnam, face à l’insistance de Kim Jong-un de voir les sanctions levées, est la preuve que la pression des sanctions fonctionne pour que la partie coréenne tienne à la voir annulée.
En fait, l’approche américaine en politique etrangère, fondée sur “America first” (L’Amérique d’abord”, est loin de faire l’unanimité. Un analyste du New York Times estimait, lundi, que les dommages, sur les relations de Washington avec ses Alliés, passablement irrités par le choix des Américains de faire pression sur les plus petits Etats, en sacrifiant ce qui devraient être les priorités de long terme au profit d’obsessions de court terme, seront difficiles à reparer, même si Donald Trump quittait le Bureau oval, à la Maison blanche, parce que “la rancoeur croissante et une érosion énorme de la confiance pourront conduire les alliés des Américains à renforcer de nouvelles orientations de leurs rapports”.
La voix diplomatique empruntée par Donald Trump n’est pas, non plus, exempte de critiques par les universitaires. Selon Jeoffrey Robertson, Professeur adjoint de méthodologie de recherche à l’Ecole internationale d’études diplomatiques d’Underwood à l’Université de Yonsei, en Corée du Sud, le fait pour Donald Trump de se mettre en première ligne, dans les discussions avec la Corée du Nord sur le nucléaire, coupe l’herbe sous le pied des diplomates. Pour lui, le président aurait pu ou du entrer en jeu et apparaître dans la lumière, une fois que quelque chose est prête à être signé, après avoir été discuté et négocié par les experts et les opérationnels sur le terrain. L’échec du Sommet de Hanoi semble ainsi donner raison aux critiques de la politique des négociations américaines avec la Corée du Nord. Le président russe, Vladimir Poutine, a, de son coté, appelé, jeudi, à la reprise des discussions à six qui prévalaient avant l’option américaine du tête-a-tête avec la Corée du Nord. En somme, du multilatérisme contre l’unilatéralisme.
Selon lui, si la Corée du Sud et les Etats-Unis peuvent offrir des mesures suffisantes pour garantir la sécurité de la Corée du Nord, les discussions à six parties pourront ne pas prospérer. “Mais le mécanisme de garanties venant de la Corée du Sud et des Etats-Unis ne semblent pas suffusante”, a-t-il dit au Korea Herald, lors d’une conférence de presse sanctionnant un sommet avec le leader nord coréen, à Vladivostok. Les discussions à six qui impliquent les deux Corées, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon ne sont plus tenues depuis 2008.
Envoyé spécial Moussa DIARRA
L’Essor