Après le chercheur Richard Toé et l’ancien ministre de la Décentralisation, Ousmane Sy, c’est Moussa Mara, l’ancien Premier ministre qui était samedi l’invité de l’association culturelle Acte Sept. Il a animé une conférence-débat sur « la laïcité » au siège de l’association à Hamdallaye ACI 2000. Organisée en partenariat avec l’ambassade des Pays-Bas dans notre pays, la conférence a entrepris d’éclairer le concept de laïcité et les rapports entre l’Etat et la laïcité.

Adama Traoré, le président de l’association culturelle, assurait la police des débats. Outre, Mme Mirjam Tjassing, conseillère politique à l’ambassade des Pays-Bas, la conférence-débat a enregistré la présence d’écrivains, d’hommes de culture et de nombreux étudiants.
Moussa Mara a constaté, d’entrée de jeu, que la laïcité est un terme à la mode, employé dans de nombreux sens, au gré de l’intérêt de celui qui l’emploie. La notion est cependant centrale et le sera de plus en plus dans notre pays. Il est donc nécessaire d’en saisir le sens, de la mettre en perspective des enjeux majeurs liés aux rapports entre la religion, la société et l’Etat. La laïcité, poursuit-il, est à mettre d’abord en rapport avec la liberté individuelle de chaque citoyen à pratiquer le culte de son choix sans aucun risque pour lui dans la société. La laïcité est un système politique préconisant la séparation de l’Etat et de la Religion et le caractère non confessionnel de l’Etat, a défini l’ancien chef du gouvernement.
Elle est aussi à mettre en rapport avec la liberté des groupes et communautés, notamment des minorités religieuses à vivre leur culte et à bénéficier des conditions favorables. Le concept est synonyme de la séparation entre l’Etat et les religions, d’équidistance et de neutralité de l’Etat entre les religions. Selon, l’ancien Premier ministre, la laïcité sous entend aussi la non gestion de la sphère étatique selon des préceptes religieux, les leaders politiques en mal de popularité et de crédibilité pouvant tenter d’instrumentaliser la religion.
Moussa Mara a précisé que le concept de la laïcité recouvre deux aspects : la liberté individuelle de culte (qui doit s’exercer librement sans contrainte, sans peur et sans harcèlement) et la communauté. Il a, à ce propos, noté que la question de la laïcité est un sujet délicat et polémique dans notre pays. Il doit donc être largement débattu car il touche la croyance, la foi et la sensibilité des Maliens et des Maliennes.
Souhaitant que la laïcité soit comprise et acceptée par tous et éviter la prééminence d’une religion sur une autre, Moussa Mara estime que la bonne compréhension de cette définition permettrait de limiter les conflits. Il faut, par conséquent, créer des espaces d’échanges et de dialogue pour débattre du concept.
Créée en 1994, l’association culturelle Acte Sept s’attache à développer, promouvoir et introduire la culture dans l’économie malienne.

S. Y. WAGUE

source : L Essor