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Etat de droit : Bruxelles met la Hongrie sous pression

La Commission menace de priver Budapest de 7,5 milliards d’euros de fonds communautaires si le gouvernement de Viktor Orban ne met pas en place les réformes promises de lutte contre la corruption.

 

C’est une véritable offensive de charme à laquelle se livre la ministre hongroise de la justice Judit Varga, qui a démarré, depuis début septembre, une tournée des capitales européennes. Elle a commencé par Bruxelles, où elle a été reçue par pas moins de sept commissaires européens, y compris Vera Jourova – chargée des valeurs  de l’Union européenne (UE et de la transparence – dont Viktor Orban avait pourtant demandé la tête, en septembre 2020, après qu’elle eut qualifié la Hongrie de « démocratie malade ». Elle s’est ensuite rendue à Madrid, Lisbonne, puis Paris, et devrait, sous peu, poser ses valises à Berlin. « C’est la première fois que la Hongrie de Viktor Orban déploie un tel effort diplomatique. Il faut dire qu’il y a beaucoup d’argent à la clé », commente un diplomate.

La Hongrie est en effet menacée se voir privée de plusieurs milliards d’euros de financements communautaires, en raison des préoccupations de Bruxelles sur la corruption, les conflits d’intérêts ou encore les conditions de passation de marchés publics dans ce pays. Et il lui reste peu de temps pour convaincre ses partenaires européens de ne pas en arriver à cet extrême.

Protéger les intérêts des contribuables

Dimanche 18 septembre, à sa manière alambiquée, la Commission a proposé de suspendre 7,5 milliards d’euros de versements à Budapest, tout en l’encourageant à poursuivre ses efforts. L’affaire mérite un petit retour en arrière pour être mieux comprise. En avril, juste après la réélection triomphale de Viktor Orban, l’exécutif communautaire a activé contre Budapest un mécanisme inédit, qui a pour vocation de protéger les intérêts des contribuables européens en vérifiant que des manquements à l’Etat de droit ne pénalisent pas le budget communautaire.

Alors que la Hongrie doit faire face à une inflation galopante et à une chute du florin, Budapest ne peut se passer de l’argent européen. Le gouvernement a donc présenté, cet été, une série de propositions de réformes en dix-sept points, dont la mise en place d’une « autorité indépendante » de lutte contre la corruption et d’un groupe de travail anticorruption où siégeraient des ONG. « Quand vous écoutez Judit Varga vous présenter ces initiatives, vous avez l’impression que la Hongrie est le phare de l’Europe en matière de lutte contre la corruption ! On lui donnerait le bon Dieu sans confession », commente un autre diplomate.

Face aux efforts de Viktor Orban, la Commission a souhaité lui laisser une porte ouverte. En parallèle, elle a, certes, aussi proposé aux Etats-membres de ponctionner à hauteur de 7,5 milliards d’euros les fonds de cohésion auxquels le pays a accès. Soit près de 20 % des aides que la Hongrie doit recevoir de l’Union européenne (UE) entre 2021 et 2027. « En l’état, nous ne pouvons conclure que le budget de l’UE est protégé. Les promesses doivent encore être concrétisées », souligne Johannes Hahn, le commissaire au budget.

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