“Le Royaume demeure ouvert aux citoyens maliens”
Le Maroc et le Mali sont, de longue date, deux pays liés à tous points de vue. Ces relations ont pris, ces dernières années, l’allure d’une véritable fraternité et de communauté de destin, comme l’attestent les multiples et divers axes de la coopération. Le 1er novembre dernier, le Maroc a pris l’initiative de l’instauration d’une autorisation de voyage, laquelle est souvent assimilée à un visa dans l’opinion. Dans cet entretien exclusif, l’Ambassadeur de sa Majesté le Roi du Maroc au Mali, SEM Hassan Naciri explique l’autorisation électronique de voyage au Maroc (AEVM).
Aujourd’hui-Mali : Excellence Monsieur l’Ambassadeur, les Maliens sont surpris de se voir imposer un visa d’entrée au Maroc après en avoir été exemptés depuis près de soixante ans !
SEM Hassan Naciri : En effet, depuis nos indépendances respectives, nos ressortissants se déplaçaient tout à fait librement entre les deux pays, tels que voulu par nos leaders de l’époque. Il en sera de même encore longtemps. L’instauration d’une Autorisation Electronique de Voyage au Maroc (AEVM) n’est donc pas à ce titre une restriction, tout au plus une régulation des flux, et comme vous le verrez, une réponse acceptable et réfléchie pour, dans une certaine mesure, tenter de prendre en charge tous les aspects de la problématique de la migration.
C’est quoi concrètement l’AEVM ?
Ce n’est pas un visa. Il s’agit d’un document de voyage obtenu en ligne, sans déplacement et sans frais. Concrètement, le voyageur consulte la plateforme dédiée à cet effet et renseigne un formulaire sur son identité, sur les motifs de son voyage. Il en recevra la réponse par voie électronique. Le document ainsi obtenu sera exigible au départ et à l’arrivée au Maroc.
Et vous dites que ce n’est pas un visa ?
Les Visas nous en donnons tous les jours à des non-Maliens qui en remplissent les conditions. L’AEVM n’exige aucun des critères s’y rapportant. Je dois, à ce niveau, préciser que nos partenaires souhaitaient de nous l’instauration d’un visa dans le cadre de la lutte contre la migration clandestine. Nous ne saurions, en toute souveraineté, y soumettre nos frères et amis. Nos relations nous le commandent tout comme notre politique nationale propre de la migration et notre approche en la matière qui a permis jusqu’à présent la régularisation de plus de cinquante mille immigrés clandestins, une première au sud de la Méditerranée.
En somme, l’AEVM est voulue comme une réponse souple au phénomène migratoire ?
En réalité, le Maroc est soucieux de la dignité, du respect de la personne, des droits de l’individu, c’est pourquoi il veut mettre les personnes concernées à l’abri des aléas qui ont pour nom la précarité et les risques de mort liés aux tentatives de traversée de la Méditerranée à partir du Nord du Maroc. Nous voulons aussi les faire échapper des griffes des trafiquants humains et toutes les avaries dont ils sont les victimes.
A regarder de près ? L’AEVM est destinée à faciliter l’arrivée et l’insertion, éventuelle, au Maroc à des candidats dont nous connaissons d’avance l’identité et les motivations. Il convient d’indiquer que des centaines de Maliens ont pu régulariser leur situation administrative et vivent tout à fait légalement au Maroc.
Quel est le champ d’application de l’AEVM ?
Ne sont concernés que les détenteurs d’un passeport ordinaire, hormis les résidents dont les ressortissants ayant une carte de séjour, les personnes en transit ne quittant pas la zone internationale et les conjoints de Marocains. Les autres passeports (diplomatiques, de service et assimilés) en sont dispensés.
Vous en avez saisi les autorités maliennes ?
Conformément aux usages diplomatiques, nous en avons informé officiellement les autorités maliennes ; Nos échanges, cependant, se poursuivent sur la question pour une meilleure compréhension. Ce qui est constant, c’est que la gestion de la question migratoire, au-delà des échanges bilatéraux est une préoccupation régionale et internationale. D’ailleurs, le Maroc accueille les 10 et 11 décembre prochains, à Marrakech, le Sommet Mondial de la Migration qui verra la participation de 190 pays, dont le Mali frère. Il permettra d’adopter un document relatif au Concept de migrations sûres, ordonnées et régulières.
Votre mot de la fin ?
Je voudrais juste réitérer avec force l’attachement du Royaume du Maroc aux excellentes relations qui le relie à la République sœur du Mali, tout en soulignant que le Royaume considère que les flux humains entre nos deux pays constituent l’ossature solide de nos relations.
Le Royaume demeure ouvert aux citoyens maliens. L’AEVM a pour objectif d’immuniser ce flux contre tout élément de nature à en galvauder le sens.
Réalisé par El Hadj A.B. HAÏDARA
Source: Aujourd’hui-Mali