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Entre nous : Un pavé dans la mare !

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (Cma) a clairement fait savoir son opposition à la tenue des élections communales et régionales à la date du 25 octobre 2015, jetant ainsi un pavé dans la mare du Gouvernement. Faut-il le rappeler, lors de sa session ordinaire, le 3 août dernier, le conseil des ministres a adopté un projet de décret portant convocation du collège électoral, ouverture et clôture de la campagne électorale à l’occasion de l’élection des conseillers communaux, des conseillers régionaux et des conseillers du District de Bamako. Le collège électoral, précise le communiqué du conseil des ministres, est convoqué pour le dimanche 25 octobre 2015 sur toute l’étendue du territoire national à l’effet de procéder à l’élection des conseillers communaux, des conseillers régionaux et des conseillers du District de Bamako.

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La Cma avance la situation sécuritaire du pays et le non-retour des réfugiés. Deux raisons fondamentales qui ne militent pas, selon son porte-parole, Moussa Ag Achouramane, en faveur de la bonne organisation sur l’ensemble du territoire national. Pour l’une des rares fois, les petits aventuriers de la Cma risquent de trouver des échos favorables au sein d’une opinion qui les a toujours rejetés à cause de leur traitrise.

Cette prise de position de la Cma met le gouvernement dans une position inconfortable et l’oblige à prendre urgemment une décision pour le report ou le maintien de la date du 25 octobre. Deux hypothèses sont à explorer : maintenir les élections communales et régionales ou les reporter à une date ultérieure.

S’agissant de la première hypothèse, la volonté manifeste du gouvernement d’organiser des élections sur une partie du territoire et laissant d’autres ne fera pas l’unanimité au sein de la classe politique dont les principaux animateurs se posent déjà de nombreuses interrogations. Si un tel scénario se produisait, l’équipe de Modibo Kéïta doit s’attendre à des foudres et se préparer à assumer une telle décision qui passerait difficilement au sein d’une opinion mal informée et manipulée.

Si la seconde hypothèse se produit, le gouvernement aura à choisir entre deux options : mettre en place des délégations spéciales ou proroger les mandats des organes des collectivités territoriales.

Derrière l’argument de l’impossibilité de proroger encore les mandats des conseillers brandi par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, de nombreux observateurs politiques voient un glissement vers la mise en place des délégations spéciales. Aucun consensus ne sera trouvé entre le gouvernement et la classe politique sur les délégations spéciales même si l’annexe 1 de l’Accord pour la paix et la réconciliation prévoit le cas échéant la mise en place des autorités chargées de l’administration des communes, cercles et régions du Nord. Cette exception trouvera difficilement un chemin devant le principe de cet annexe qui opte pour la continuité           de l’Etat pour permettre aux institutions actuelles de poursuivre leur mission jusqu’à la mise           en place des organes prévus dans le présent Accord ».

Les délégations spéciales ont laissé un très mauvais souvenir. Elles ont toujours mis les collectivités territoriales en ruine en laissant à la fin de leur mission une situation chaotique. La mise en place des délégations spéciales à la tête des 703 communes, des conseils régionaux et des conseils de cercles nécessite de gros moyens financiers, matériels et humains dont la mobilisation peut s’avérer un véritable parcours de combattant pour le gouvernement.

Une énième prorogation des mandats des organes des collectivités locales est possible à travers un arrangement législatif. Les lois sont faites par les hommes.

Il faut éviter des débats qui nous divisent davantage et nous éloignent de l’essentiel en une période où des voix s’élèvent pour appeler à une union sacrée de toutes les composantes de la nation. La tension est palpable dans le pays. Les probables violences consécutives à des élections ratées risquent d’ouvrir des braises dans lesquelles des abrutis s’engouffreront.

En tout état de cause, l’organisation des élections ainsi que la gestion de ces conséquences relèvent de l’entière responsabilité du gouvernement.

Chiaka Doumbia

 Source: Le Challenger
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