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Entre Nous : Paradoxe

L’Union européenne, l’Union africaine, les USA, la France s’alignent derrière la CEDEAO qui encourage le gouvernement de la République du Mali «à reconsidérer les résultats de toutes les circonscriptions ayant fait l’objet de révision par l’arrêt de la Cour constitutionnelle» et le Président de la République «à mettre en place un gouvernement consensuel d’union nationale tenant compte des recommandations du Dialogue national inclusif».

 

Selon le communiqué de presse de la mission ministérielle de la CEDEAO sur la situation sociopolitique au Mali, de nouvelles élections partielles pour les circonscriptions concernées devraient être organisées dans les meilleurs délais. Une violation flagrante de la Constitution malienne car ni le président de la République ni le gouvernement ne disposent de la moindre prérogative pour remettre en cause un arrêt de la Cour constitutionnelle. Comme quoi l’organisation sous-régionale, qui prône tant le respect de la Constitution encourage en même temps sa violation ! Une chose et son contraire ! Manifestement, la communauté internationale s’emmêle les pinceaux dans le bourbier malien.

Sur le plateau d’Africable Télévision, le dimanche 21 juin 2020,  Me Kassoum Tapo, ancien ministre de la Réforme et des Droits de l’homme, ancien bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Mali, n’a pas été tendre avec la CEDEAO. Laquelle, dit-il, «joue au pompier qui vend des produits inflammables. Parce que si aujourd’hui, on donnait le pouvoir au président de la République ou au gouvernement d’annuler partiellement le scrutin, c’est ouvrir la boîte de pandore, la voie à une instabilité institutionnelle. C’est une confusion de pouvoirs», a-t-il souligné.

Les prises de position de l’UE, de l’UA, des USA, la France et de l’ONU risquent d’être perçues comme une volonté de la Communauté internationale d’imposer un président fortement décrié et devenu la cible des colères populaires dirigées, il y a un an, contre la MINUSMA et la force Barkhane.

Aucun texte de la CEDEAO ne prévoit de sanctions contre un pays dont le président de la République a démissionné suite à un soulèvement populaire. De laborieuses gymnastiques intellectuelles, assimilant la fronde du M5-RFP à un coup d’Etat, sont distillées çà et là pour semer la peur d’un lendemain incertain au sein de l’opinion.

Heureusement, il existe encore de nombreux Maliens pour battre en brèche leurs théories tirées par les cheveux. La contribution publiée dans les colonnes du quotidien «Les Echos» du jeudi 25 juin 2020 par Amadou Aliou N’Diaye, magistrat à la retraite, ancien Président de la Cour Suprême du Mali est celle que le Mali attend de ses intellectuels. «Lorsqu’un Chef d’Etat faillit à ses obligations (par diverses violations constitutionnelles…) et que le peuple en colère se lève et se redresse, tout s’incline et s’agenouille indiscutablement et dans la légitimité à son passage, à savoir le Président de la République, la Constitution, les institutions…La légalité elle-même s’incline obligatoirement devant la légitimité», a-t-il écrit.

Ceux qui s’agitent pour clamer urbi et orbi le ‘’respect de la Constitution’’ savent que la solution à la crise en cours ne peut pas être juridique. L’ancien président, Alpha Oumar Konaré, dans un discours prononcé en Côte d’Ivoire, disait qu’il faut des solutions politiques aux problèmes politiques. La responsabilité de la Communauté internationale, c’est d’aider les Maliens à résoudre leur différend et non à se substituer à eux.

Le temps est venu de sortir des bricolages. La crise qui paralyse la vie publique depuis quelques semaines est une occasion idoine de poser les jalons d’un nouveau Mali. Les manœuvres en cours visant à amener le M5-RFP à renoncer à sa revendication-phare au profit d’arrangements politiciens peuvent retarder l’échéance mais ne peuvent pas l’empêcher.

Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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