Le blocage de la RN3 déclenchée en solidarité avec les mouvements de la Société civile de Kayes a pris fin le 27 août dernier. Le gouvernement a privilégié le dialogue. Dès lundi, le Premier ministre a échangé avec les membres du ‘’Mouvement Sirako de Kati’’ et un autre mouvement de Kayes. Ces échanges n’ont pas permis de lever les blocus, notamment à Kati.
Il aurait donc fallu l’intervention du Directeur général de la Sécurité d’Etat, Général de division Moussa Diawara, pour que les jeunes acceptent de libérer la voie publique. Et c’est mardi soir que de façon symbolique, le ministre des Transports et de la Mobilité urbaine, Ibrahim Abdoul Ly, a levé les barricades, en compagnie des membres de ‘’Sirako’’.
A moins d’un an après sa réélection, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta et son gouvernement viennent d’essuyer une autre fronde….après celle qui a abouti, en avril dernier, au départ de Soumeylou Boubèye Maïga de la Primature. La polémique autour de l’introduction dans le programme scolaire du manuel d’éducation sexuelle était passée par-là.
La médiatisation de l’intervention, dans la résolution de nombreuses situations complexes, du directeur général de la Sécurité d’Etat, un acteur de l’ombre, traduit vraisemblablement un profond malaise au sommet de l’Etat. Car les actions initiées par ce dernier devraient normalement rester dans la discrétion totale pour ne pas donner cette mauvaise impression que la gouvernance d’IBK va dans tous les sens.
A la sortie de la rencontre dans les locaux de la SE, certains activistes ont annoncé que le général Diawara a promis le démarrage des travaux dans trois semaines.
Or le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, qui a reçu le 26 août dernier deux délégations distinctes sur la question, s’est gardé d’avancer une quelconque date pour le démarrage des travaux.
Le chef du gouvernement, par ailleurs ministre de l’Economie et des Finances, s’est voulu rassurant quant à la disponibilité de son équipe à prendre des initiatives urgentes pour satisfaire les doléances émises par les acteurs du blocus de Kayes et Kati qu’il juge légitimes. Les propos tenus par le Premier ministre ou les comptes-rendus anonymes de ses deux rencontres diffusés sur les réseaux sociaux ne contredisent pas les déclarations précédentes du ministère de l’Equipement et des Infrastructures, dont la première responsable, Traoré Seynabou Diop, est accusée, à tort ou à raison, d’être la cause de cette situation. Ce qui est loin d’être exact.
«Nous sommes entrés dans le jeu car la sûreté de l’Etat est menacée. Nous intervenons toujours en dernière position après l’exécutif pour apaiser les tensions», aurait déclaré le général Moussa Diawara au cours de sa rencontre avec les jeunes.
A l’image du gouvernement, dont la communication s’est avérée catastrophique sur cette crise, cette déclaration prêtée au Dg de la S.E. est une grosse maladresse. Quelle que soit la gravité de la situation, le patron de la SE ne devrait pas tenir de tels propos en public. Cette déclaration traduit une certaine panique devant une situation dont la gestion ne demande pas tant de cacophonie dans un système bien structuré où les rôles sont bien repartis entre les différents services de l’Etat, lesquels doivent concourir tous à assurer la stabilité du pays.
Monsieur le Président de la République, il est temps de mettre de l’ordre ! Il vous reste encore quatre ans pour agir en bon père de famille.
Chiaka Doumbia