«Sur les réseaux sociaux (Youtube, Facebook…), ils nous tympanisent. Ils, ce sont ces prétendus activistes qui aboient, vocifèrent, se déchainent sans cesse. A regarder certains, on croit qu’ils sont possédés par le diable en personne.
De la bouche de ces vuvuzelas, ne sortent que des insanités, des injures graves. Aucun raisonnement correct à même d’éclairer nos lanternes sur la vie politique économique et sociale de notre pays. Pensant mener un combat pour un Mali meilleur, ces illusionnistes n’épargnent ni père, ni mère, ni grand-père. Personne n’y échappe ! Mus par l’appât du gain facile, nombre de ces jeunes se sont spécialisés dans le chantage. Ils font de funestes vidéos rien que pour leur tube digestif », écrivait sur sa page Facebook, la semaine dernière, notre confrère Sory Guindo. Il décrit avec les mots justes les actes de cette nouvelle race d’activistes qui a pris d’assaut les réseaux sociaux pour terroriser les paisibles citoyens ou livrer à la vindicte internationale le pays qui leur a tout donné. Ces activistes sont aux antipodes de tous ceux qui utilisent les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour s’exprimer et contribuer positivement à la construction de leur pays. Au Mali, il y a encore des jeunes patriotes qui participent de façon efficace, sans injure ni manque de respect ou chantage, à la construction de l’édifice nationale. Par leur post, ils contribuent sainement au débat et parviennent même à faire changer le cours des choses.
Les dérives observables sur les réseaux sociaux constituent malheureusement le reflet d’une société malienne en perte de repère dans laquelle la dignité (Selon le célèbre Ba Zoumana Ba Sissoko, la dignité renferme toutes les qualités : la bravoure, la témérité, le courage, la fidélité, l’honnêteté, la sincérité, l’humilité, l’amitié, la fraternité, la générosité et l’altruisme) est reléguée au bas de l’escalier. Le problème est plus profond dans un pays où les dirigeants successifs ont détruit l’éducation avant d’installer un ilot de bonheur au milieu d’un océan de désespoir. Dans le Mali d’aujourd’hui, on ment, on vole, on dénigre, on détruit et on triche sans honte.
Lisez plutôt ces lignes écrites, il y a quelques semaines, par Pr Issa N’Diaye, philosophe et homme politique: « Le problème n’est pas seulement le pouvoir d’Etat, c’est aussi et surtout le Malien lui-même. Il faut arriver à le changer. Pas évident ! Tant que l’appât du gain facile restera la base de la philosophie du citoyen ordinaire, rien de bon ne se fera dans le pays. Tant que le mensonge, l’hypocrisie, la cupidité, la fourberie et la méchanceté resteront au cœur de la citoyenneté, il n’y a rien à espérer. Il suffit de voir le spectacle de la ruée actuelle à travers les associations créées pour capter les sommes d’argent distribuées à l’occasion par les candidats. Devant l’argent, aucune morale. Tous les coups sont permis. La corruption est devenue le système national de débrouillardise à tous les niveaux, aussi bien au niveau de l’Etat, des appareils civils comme militaires, des secteurs de la société civile et religieuse. Les rapports sociaux en sont dénaturés. Le mal est profond. L’incivisme a atteint un tel degré qu’il menace l’avenir même du pays ».
Comme vous pouvez le constater, c’est l’Homme malien même qui est en question. Sans une réelle prise de conscience de l’Homme malien, tous les efforts de redressement national seront vains et aucun leader, fut-il compétent ou intègre, ne pourra faire face aux défis qui assaillent la nation et aux dangers qui menacent la République dans son existence.
Par Chiaka Doumbia
Le challenger