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Entre Nous : Les victoires du 5 juin 2020

Le grand rassemblement du 5 juin 2020 a eu lieu à la Place de l’indépendance. Malgré les campagnes de communication entreprises çà et là pour saboter l’initiative, la population malienne est venue  de plusieurs localités du pays pour répondre massivement à l’appel. Une très grande mobilisation synonyme d’échec pour ceux qui ont œuvré à contre-courant, en appelant pendant plusieurs jours, les Maliens à rester chez eux !

 

La première victoire du 5 juin 2020 est la capacité de mobilisation de l’Imam Mahmoud Dicko et ses soutiens mais aussi leur sens de responsabilité à tenir un rassemblement d’une telle ampleur dans la plus grande sérénité, à l’exception des incidents produits sur la route de Sébénikoro lorsqu’un groupe a voulu se rendre à la résidence d’Ibrahim Boubacar Kéïta.

La deuxième victoire du 5 juin 2020 est le professionnalisme des forces de l’ordre déployées pour encadrer le grand rassemblement à la Place de l’Indépendance et ses alentours. C’était la fraternité entre les éléments des forces de sécurité et les manifestants. «Ce sont nos frères. Nous menons le même combat », lançaient certains manifestants. Les échauffourées pouvaient être évitées si les éléments n’avaient pas paniqué face à la détermination de ce groupe désirant de se rendre à la résidence d’IBK.

La troisième victoire du 5 juin 2020 est la paralysie de la ville de Bamako. Une capitale presqu’à l’arrêt avec des banques et commerces fermées, et une administration publique désertée. Si la fermeture des établissements bancaires et le refus des agents de l’administration publique de se rendre sur les lieux de travail peuvent s’expliquer par une certaine crainte de violences, celle des marchés répond plus à un message lancé par l’Imam Mahmoud Dicko.

La plus grande victoire du 5 juin est que l’annonce du mot d’ordre des organisateurs a suscité un éveil de conscience chez de nombreux citoyens qui  sont sortis de leur réserve pour s’exprimer. On a rarement vu de telles prises de position sur l’état de la nation. Ce qui prouve que nos concitoyens ne sont pas aussi indifférents et insouciants du triste et pitoyable sort réservé à cette grande nation et qu’ils ne se complaisent pas dans la fatalité ! Ils sont nombreux nos concitoyens opposés à la gouvernance de corruption, de clientélisme et du népotisme du président Ibrahim Boubacar Kéïta, même s’ils s’interrogent sur les motivations réelles des organisateurs du grand rassemblement du 5 juin.

La principale leçon à tirer du 5 juin est que le crédit de confiance d’IBK auprès de ses concitoyens s’affaisse de plus en plus. Et que la colère à l’encontre du président de la République grimpe à une vitesse exponentielle. Les manifestants ne criaient très fort et longuement qu’à l’annonce des slogans : « IBK, démissionne !» ; «IBK, dégage !».

Quelle ironie du sort pour un homme plébiscité en 2013 ? Qui aurait pu, à part peut-être ses détracteurs, croire qu’un jour, une telle marée humaine déferler dans une ville comme Bamako pour réclamer la démission d’IBK. Même s’il y a eu d’autres manifestations, celle du 5 juin 2020 avec comme seul mot d’ordre : « exiger la démission du président IBK», est sans précédent. C’est aussi la première fois que sa résidence soit la cible des manifestants.

Le président de la République peut continuer à écouter ses parvenus de soutiens qui n’ont pas plus d’influence qu’un pet d’âne. Le bluff a ses limites. La réalité est tout autre.

Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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