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Entre nous : Des incertitudes ?

La situation du Mali évolue en dents de scie. L’optimisme affiché par le gouvernement du Président Ibrahim Boubacar Kéïta et ses partenaires est souvent rattrapée par les faits.

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Aux difficultés réelles de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, est venue s’ajouter la récente bavure de l’opération française Barkhane qui a coûté la vie à des soldats aux mains du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Jama’ah Nusrat Al-Islam wal-muslimin, JNIM). Une brèche par laquelle le chef islamiste Iyad et ses lieutenants s’engouffrent pour rendre davantage impopulaire une opération française déjà décriée au sein de l’opinion à cause de ses ambiguïtés. La recrudescence des attaques au cours de la semaine qui vient de s’écouler, traduit l’extrême fragilité de la situation mais aussi constitue le signe de la maîtrise du terrain par d’autres forces qui ne sont pas signataires de l’accord d’Alger.

Le refus de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) d’avaliser la date retenue par le gouvernement pour la tenue des élections communales partielles, locales et régionales dans les zones qu’elle appelle « les régions de l’Azawad » bloque encore l’application de l’accord qui court le risque de devenir caduque au gré des événements. Si le gouvernement du Mali peut organiser ces élections dans les autres régions du pays, des incertitudes planent sur sa capacité à réussir des scrutins paisibles au nord et au centre.

Sur le plan politique, la course pour le pouvoir plonge le pays dans une incertitude totale. Il y a de fortes chances que la situation sécuritaire, en dépit de sa gravité, soit reléguée au second plan avec les échéances électorales du 17 décembre  et surtout celle de 2018. L’élection présidentielle de juillet 2018 est dans toutes les têtes. La majorité présidentielle est minée par des hésitations qui cachent mal ses clivages. L’opposition peine à surmonter ses querelles de clochers et disperse du coup ses forces. C’est dans ce contexte qu’un groupe d’opérateurs économiques et fonctionnaires internationaux non issus de la traditionnelle classe politique, est à l’affut du pouvoir suprême.

L’affaire dite des bérets rouges revient au-devant de la scène. En plus de la pression des associations de défense des droits de l’homme et des familles de ces militaires assassinés et jetés dans une fosse commune, les présumés auteurs de cet acte criminel emprisonnés depuis quatre ans entament ce lundi 6 novembre 2017 une grève de la faim d’une semaine. Ils sont appuyés par leurs épouses. La pression s’accentue sur le Parquet général de Bamako qui doit tout mettre en œuvre pour la tenue de ce procès avant la fin de l’année. Ce qui paraît incertain. La difficulté est qu’il est risqué de faire comparaître des haut-gradés, acteurs et témoins de l’histoire récente de notre pays, devant la cour d’assisses. Au niveau de certaines sphères du pouvoir, on craint des révélations qui pourraient être faites au cours de ces assises placées sous haute protection sécuritaire. Ce qui n’arrange rien dans les affaires d’un gouvernement dont les membres, déjà hantés par le remaniement ministériel, se mettent des bâtons dans les roues donnant un coup de grâce à la solidarité gouvernementale.

Par Chiaka Doumbia

Le Challenger

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